BPCI s’appelle désormais AFG Bank Côte d’Ivoire
29 décembre 2023. La circulation est inhabituellement fluide à Abidjan et l’Harmattan, qui souffle sur son centre des affaires, fait remonter, dans l’air, la mélancolie coutumière aux achèvements de cycles. Pourtant, les portiques du Pullman passés, le ressenti contraste avec les sensations ternes de l’extérieur. Et pour cause. A 48H00 du réveillon de la Saint Sylvestre, un nouvel élan vient impulser le secteur bancaire de la Côte d’Ivoire.
Après des mois de tractations, transfert des actifs de la BPCI qui s’est tenue ce dernier vendredi de l’an 2023 : « (…) En février 2023, un accord préliminaire a été signé entre l’Etat de Côte d’Ivoire et AFG Holding pour la reprise des activités de la BPCI, suivi d’un protocole d’accord conclu en juillet 2023. Le conseil d’administration de la banque a approuvé les termes de la convention en septembre 2023 (…)
L’actionnaire unique a approuvé l’opération, lors de l’Assemblée Générale Extraordinaire tenue le 23 novembre 2023. Ces différentes étapes étaient soumises à l’approbation de la commission bancaire qui les a validées, lors de sa session du 18 décembre 2023. Pour rappel, c’est en avril 2017 que l’Etat de Côte d’Ivoire a approuvé un plan de restructuration qui visait à redresser l’établissement bancaire et à mettre la BPCI aux normes, face aux nombreux changements règlementaires. C’est ainsi que depuis 2017, j’ai eu l’honneur de diriger cette institution et été chargé de la mise en œuvre du plan de restructuration. Le conseil d’administration a, lui, pris fonction en mars 2019. La période 2018/2023 a été marquée, sous son leadership (…)
Et celui de la direction générale, par le renforcement de la gouvernance et la mise en place des instances de gouvernances requises par la commission bancaire (…), par la mise à niveau réglementaire de la BPCI, par l’optimisation du réseau, par la mise à niveau des infrastructures informatiques, par la définition d’une nouvelle stratégie commerciale axée sur les PME et la clientèle des particuliers, par le changement de charte graphique et le repositionnement stratégique avec la nouvelle dénomination Banque Populaire de Côte d’Ivoire, ainsi que par le renforcement du capital humain, mettant ainsi nos collaborateurs au centre de nos actions (…)
En somme, des avancées notables et appréciables ont été enregistrées, tant au plan organisationnel, opérationnel et financier qu’au niveau de la gestion. Elles se sont matérialisées par une mise en œuvre du plan de restructuration et de la feuille de route à 90% (selon les rapports des cabinets Onpoint et Goodwill) et, notamment, par la croissance du PNB (Produit Net Bancaire) qui est passée de 0, en 2018, à 12 milliards FCFA, en 2022 (…)
Ainsi que par la baisse du taux de dégradation du portefeuille qui est passée de 94%, en 2018, à 24%, au cours de la même période, par la croissance des emplois clientèle, donc des crédits à la clientèle qui sont passés de 3 milliards FCFA, en 2018, à 112 milliards FCFA, au 31 décembre 2022 (incluant le hors bilan), par la croissance des ressources qui sont passées de 103 milliards FCFA à 200 milliards FCFA, au cours de la même période (…)
C’est fort de ces acquis que l’Etat de Côte d’Ivoire a décidé, à travers le mécanisme financier d’APA (Apport Partiel d’Actifs) de transférer les activités de la BPCI au groupe panafricain AFG (…) » A retracé le Directeur Général de la BPCI, sous le regard approbateur du Président de son Conseil d’Administration.
Aguie Amaffon Germain n’était, d’ailleurs, pas le seul « ravi de la conclusion de ce transfert des activités de la BPCI », ce matin-là. En effet, Léon Konan Koffi l’a déclaré à l’auditoire : « Cette opération est le fruit du travail coordonné entre l’Etat Ivoirien et nos 02 institutions (…) Notre Groupe est engagé dans l’Immobilier, les Services et la Finance. Cela fait de son fondateur, Monsieur Koné Dossongui, un champion national du secteur privé (…)
AFG Bank CI assume pleinement la responsabilité qui incombe à cette reprise de la BPCI (…) A travers elle, nous sommes déterminés à contribuer à la bancarisation et à l’inclusion financière, grâce au réseau de 78 agences, dont nous héritons aujourd’hui de la BPCI, afin de développer le pays (…) Plus qu’un transfert d’activité, nous célébrons notre retour à la maison (…) Nous serons à l’écoute des besoins de l’économie nationale et de tous ses acteurs (…)
Nous avons tous planifié pour une transition fluide et sans interruption, au bénéfice de la clientèle (…) » A fait savoir le Président du Conseil d’Administration de AFG Holding, avant que le Directeur Général de la filiale Ivoirienne de son pôle bancaire renchérisse sur cette déclaration forte, en ces termes : « Cet évènement, bien plus qu’une simple mutation d’actifs de la BPCI, annonce le début d’une nouvelle ère de l’Excellence sur le marché bancaire Ivoirien (…) Nous sommes des partenaires du rêve et des contributeurs à l’innovation (…) Nous demeurons attacher aux normes rigoureuses, afin de contribuer à l’économie et à la construction d’un avenir ou tout devient possible ! » A affirmé Adama Ouattara avec conviction.
A cette solennité, le gouvernement Ivoirien, impliqué de bout en bout, était représenté par son Ministre des Finances et du Budget. Adama Coulibaly a complimenté les artisans de ce transfert d’actifs de la BPCI et a insisté sur l’importance qu’il revêt : « Il me plait, au nom de Son Excellence Monsieur Alassane Ouattara, Président de la République et du Premier Ministre, Chef du Gouvernement, Monsieur Beugré Mambé, d’adresser mes félicitations et mes remerciements aux Présidents des Conseils d’Administration de la BPCI et de AFG BANK CI, ainsi qu’aux Directeurs Généraux des deux institutions, pour leurs engagements respectifs qui vont permettre le renforcement et l’enrichissement du paysage bancaire Ivoirien (…)
Le marché bancaire Ivoirien est en constante évolution du fait de l’accélération de l’innovation, notamment en lien avec le digital, l’intensité concurrentielle grandissante, dans tous les compartiments de marché, et de l’augmentation du niveau d’exigence des clients. A ce titre, le rapport 2021 sur la situation de l’inclusion financière indique que le taux de bancarisation strict est passé de 19% en 2020 à 21,8% en 2021. Le taux de bancarisation élargi est ressorti à 42,4% contre 39,6% en 2020. Et le taux global d’utilisation des services financiers s’est situé à 67,2% contre 63,7% un an auparavant (…)
Si cette évolution confirme la bonne dynamique du secteur, il n’en demeure pas moins qu’elle reste en deçà des performances des pays comme le Maroc, l’Afrique du Sud et le Kenya. C’est pour renforcer la résilience du secteur bancaire et répondre aux besoins croissants de financement auxquels font face les pays de l’Union que, lors de sa session du 21 décembre 2023 à Cotonou, le Conseil des Ministres de l’UMOA (Union Monétaire Ouest Africaine) a décidé de doubler le capital social minimum des banques, le faisant passer de 10 milliards FCFA à 20 milliards FCFA (…)
La problématique d’un secteur financier dynamique, à même de jouer pleinement son rôle de mobilisation de l’épargne, de financement des besoins des populations et des opérateurs économiques, est une question essentielle. C’est pourquoi, l’Etat ivoirien s’est doté, depuis 2014, d’une Stratégie de Développement du Secteur Financier, axée autour de l’assainissement et de l’approfondissement de ce maillon essentiel de notre économie (…)
Dans le cadre de cet assainissement, le Gouvernement s’est engagé dans la restructuration des banques publiques qui a, notamment, permis la liquidation de la Banque de Financement de l’Agriculture (BFA), ainsi que la restructuration de la Banque Nationale d’Investissement (BNI) et de VERSUS BANK. De même, un plan de restructuration de l’ex-CNCE a été adopté en avril 2017 et les dirigeants sociaux nommés, avec pour mission d’en assurer la mise en œuvre (…)
Le plan de restructuration de la BPCI a démarré en 2018, après trois années d’administration provisoire de la Caisse Nationale des Caisses d’Epargne. Aussi convient-il de rappeler que la Banque Populaire de Côte d’Ivoire détient, à ce jour, environ 370.000 clients actifs, ainsi qu’un vaste réseau d’agences qui est l’un des plus étendus en Côte d’Ivoire. Les objectifs de la restructuration ont visé, outre le relèvement de l’institution et la protection des salariés, la préservation de cet outil majeur, en faveur de l’inclusion financière, notamment au niveau des ménages et des PMEs (…)
De fait, les actions menées ont permis le renforcement de la gouvernance, la mise à niveau règlementaire de l’institution, la gestion des départs volontaires, le rebranding, l’optimisation du réseau, ainsi que la relance de l’activité de crédit. AFG Bank a manifesté un intérêt marqué pour la BPCI et l’Etat, conformément à sa stratégie de promotion du secteur privé, y a donné droit (…)
A ce propos, il faut noter que la nature juridique de cette opération permet à la BPCI de transférer ses actifs réévalués, ainsi que son passif, à AFG BANK CI, dégageant, ainsi, des plus-values converties en actions, au profit de l’Etat de Côte d’Ivoire, pour une valeur de 35,6 milliards FCFA, cédés à AFG (…) Au delà de ses caractéristiques techniques, cette opération permettra à la nouvelle entité de renforcer l’inclusion financière et de préserver des emplois. La présente cérémonie revêt donc un intérêt particulier pour le Gouvernement Ivoirien, car elle s’inscrit dans la dynamique de croissance économique de notre pays (…)
Notre espace commun ambitionne de se positionner en véritable hub économique du continent Africain. Pour le secteur financier Ivoirien, il est essentiel d’envisager son avenir à travers une plus grande accessibilité des services bancaires, grâce au e-banking, et un développement inclusif qui intègre les habitudes de la population. Ce qui permettra à chaque établissement bancaire de se doter des moyens pour améliorer sa compétitivité à travers la réduction de ses coûts d’opération. Cela nécessite des institutions financières fortes, dotées d’un capital adéquat, capable d’opérer en synergie, disposant de réseaux étendus pour une mobilisation accrue de l’épargne et un financement conséquent des activités économiques, à travers des instruments innovants et adaptés (…)
Mais également une forte intégration, au niveau national, de toutes les composantes du secteur financier : Banque, Assurance, Microfinance, Bourse. À cet effet, je reste rassurer par AFG Bank CI qui a fait ses preuves sur ces différents secteurs, tout en l’invitant à intégrer la BRVM (Bourse Régionale des Valeurs Mobilières) pour une dynamisation plus accrue du marché financier régional. Je voudrais, également, assurer AFG Bank CI de la détermination de mon Département Ministériel à accompagner la réussite totale de l’opération qui nous réunit ce jour et à demeurer, en lien avec le régulateur, une oreille attentive à la mise en œuvre complète des engagements souscrits (…) »
AFG compte, à ce jour, 2.000 employés répartis en Afrique Occidentale, Centrale et sur l’Océan Indien. Son chiffre d’affaires est estimé à 200 milliards FCFA, pour un total bilan de 3.500 milliards FCFA. En fin de la cérémonie de transfert des actifs de la BPCI, le fondateur de la holding financière, Koné Dossongui a fait savoir qu’il conserverait le personnel de la BPCI. Il s’est aussi dit confiant en l’avenir et a fait connaitre son ambition : « Faire de AFG Bank CI, la principale banque en Côte d’Ivoire ! » L’opérationnalité de cette absorption est effective à partir du 1er janvier 2024.
KOFFI-KOUAKOU Laussin
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