Emmerson Mnangagwa : « Les gouvernements et le secteur privé doivent innover pour favoriser une croissance durable et inclusive de l’Afrique »

Lors du COM 24, le Président du Zimbabwe a appellé a des stratégies plus innovantes pour le financement durable et inclusif ce l'économie verte
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A l’ouverture de cette Conférence des ministres des Finances, de la Planification et du Développement économique à Victoria Falls, au Zimbabwe, les représentants gouvernementaux et institutionnels ont plaidé. Ils ont lancé un vibrant appel à l’usage d’une large gamme d’instruments innovants tels que les échanges « dette nature » (achat d’une dette extérieure pour la convertir en monnaie locale et utiliser les fonds provenant du transfert pour financer des activités de conservation), les obligations bleues régionales, les marchés du carbone régionaux et l’utilisation de la comptabilité du capital naturel.

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Emmerson Mnangagwa, le Président du Zimbabwe

Lors de la session, Emmerson Mnangagwa, le Président de la République du Zimbabwe, l’a déclaré : « Les effets du changement climatique limitent de plus en plus l’exploitation, par les pays Africains, de leurs riches ressources naturelles, de manière durable, et mènent à une diminution des rendements, sur l’ensemble des chaînes de valeur économique. L’adoption de solutions diversifiées est, pour nous, capitale, si nous voulons parvenir à l’instauration d’économies vertes plus inclusives. Ces solutions doivent non seulement contribuer à l’éradication de la pauvreté, mais également à la protection des seuils écologiques qui soutiennent le développement humain, la santé et le bien-être (…)

Il est donc nécessaire que les pays Africains innovent dans les mécanismes de financement climatique et soient proactifs dans la mobilisation des ressources financières, tant au niveau national qu’international, pour faciliter l’adaptation (…)

Il est essentiel que les coopérations et les partenariats, entre les gouvernements et le secteur privé, se multiplient, afin que, ensemble, nous puissions élaborer des stratégies d’investissement pour la croissance des économies vertes. Des stratégies au service d’économies vertes plus inclusives, bénéfiques à nos communautés et axées sur une philosophie de développement centrée sur les populations qui n’occulte aucune personne et aucun territoire (…) Une philosophie qui construit des synergies entre les nations et favorise un développement équilibré, sur tout le Continent. »

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Claver Gatete, Secrétaire exécutif de la Commission Economique pour l’Afrique (CEA) au COM 24, au Zimbabwe

Pour Claver Gatete, Secrétaire Exécutif de la Commission Economique pour l’Afrique (CEA), le Continent est à un moment crucial : « L’Afrique doit faire face à de nombreux défis tels que l’insécurité alimentaire, les contraintes budgétaires, l’augmentation de la dette et les effets néfastes du changement climatique (…) Il est important que les pays accélèrent leurs initiatives d’intégration régionale, grâce à la pleine mise en œuvre de la Zone de Libre-Echange Continentale Africaine (ZLECAF) et du Marché Unique du Transport Aérien Africain (MUTAA), pour stimuler la compétitivité et réduire le coût des affaires sur tout le Continent (…)

Les discussions sur la gouvernance et leurs prérequis, aussi difficiles soient-elles, doivent être une priorité absolue. L’ambitieux appel de 301.546, 450 milliards FCFA du Secrétaire Général des Nations Unies pour un programme de relance durable est une reconnaissance du chemin que nous devons parcourir pour la justice et l’équité (…)

La question des perceptions injustes des risques et des notations de crédit, qui offrent à l’Afrique des options d’emprunt limitées, doit être adressée (…)

Nous ne devrions pas accepter que seuls 02 pays Africains aient une notation de qualité d’investissement et que 22 pays ne soient pas notés ! Les pays devraient se concentrer sur le renforcement de la mobilisation intérieure des ressources pour la durabilité (…)

Car l’emprunt extérieur est devenu coûteux, peu fiable et intenable. Par conséquent, réformer nos systèmes fiscaux et rendre l’environnement des affaires moins risqué sont des impératifs inévitables. Il nous faut investir dans le développement de nos marchés de capitaux pour fournir des ressources à long terme à l’investissement privé. »

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Monique Nsanzabaganwa, vice-présidente de la Commission de l’Union Africaine

Monique Nsanzabaganwa, Vice-Présidente de la Commission de l’Union Africaine, elle, a insisté, dans sa prise de parole à ce COM 2024, au Zimbabwe, sur le fait que l’Afrique met en œuvre son Agenda 2063 dans des contextes mondiaux qui, actuellement, posent d’énormes défis aux économies Africaines. Notamment, en raison de leurs effets domino sur les espaces sociaux et politiques : « Nous devons continuer à explorer des synergies qui tireront, vers le haut, les ressources nationales, régionales et continentales, grâce à l’investissement en Afrique et à la Bourse des Valeurs (Stock Exchange), afin de sécuriser le financement à long terme de l’Agenda 2063 (…)

Il faudrait, également, que les pays renforcent le rôle du secteur privé dans le financement vert, afin qu’il soit une véritable source de financement pour ce type soutien à l’économie (…) Nos politiques doivent, aussi, amplifier l’impact du capital pour garantir que le stock privé d’actifs de l’Afrique contribue à la transition verte et au développement inclusif. »

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Mthuli Ncube, ministre des Finances et de la Promotion des investissements de la République du Zimbabwe

Mthuli Ncube, Ministre des Finances et de la Promotion des investissements de la République du Zimbabwe, a pour sa part déclaré que les budgets limités, l’augmentation de la dette publique, la fragilité économique, les conflits, l’insécurité dans certaines parties de l’Afrique et les effets négatifs du changement climatique font partie des plus grands défis auxquels le Continent est confronté aujourd’hui : « La mobilisation intérieure des ressources est un levier crucial pour le financement de la création du marché unique du transport aérien africain, ainsi que la promotion de la circulation des personnes et des biens, à travers l’Afrique (…)

Les pays devraient mettre en œuvre l’accord de la Zone de libre-échange continentale africaine, pour stimuler la fabrication et augmenter le commerce sur le Continent (…) La mobilisation des ressources et les stratégies économiques découlant de la conférence aideront les pays à renforcer leurs politiques et à minimiser l’impact négatif du changement climatique. »

Quant à Rebecca Amuge, Ambassadeur de la République de l’Ouganda en Éthiopie et Présidente du bureau sortant, elle a fait savoir, pendant cette Conférence des ministres des Finances, de la Planification et du Développement économique à Victoria Falls, au Zimbabwe, que, pour financer les Objectifs de Développement Durable (ODD), les pays doivent investir dans les axes prioritaires de la transition verte inclusive, en exploitant des mécanismes de financement innovants et en tirant parti des ressources naturelles abondantes de l’Afrique. Pour elle, cela nécessite autant l’adoption de politiques vertes que la réforme de l’architecture financière mondiale, « si nous voulons réduire le fardeau de la dette de l’Afrique et faciliter une croissance économique inclusive. »

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La COM 24 s’est déroulé au Zimbabwe du 28 février 2024 au 05 mars 2024
Depuis 2010, la dette africaine a augmenté de plus de 180 % et 21 pays sont maintenant, ou étaient déjà, en risque de surendettement. Claver Gatete, le Secrétaire Exécutif de la Commission Economique pour l’Afrique (CEA), l’a dit à cette Conférence des ministres des Finances, de la Planification et du Développement économique à Victoria Falls, au Zimbabwe : « L’architecture financière mondiale doit être corrigée, afin qu’elle fonctionne pour tous et reflète les nouvelles dynamiques (…) Nous avons bon espoir que l’adhésion récente de l’Union Africaine au G20 résoudra cela. » Chaque année, l’Afrique perd au moins 5 % de son Produit Intérieur Brut (PIB) annuel, à cause du changement climatique.

KOFFI-KOUAKOU Laussin