Pour la toute première fois, un Forum mondial pour éliminer le cancer du col de l’utérus
Des gouvernements, des donateurs, des institutions multilatérales et des partenaires ont pris, ce mercredi 06 mars 2024, de nouveaux et importants engagements politiques, structurants, financiers… et décidés d’allouer près de 361,424 milliards FCFA à la lutte contre le cancer du col de l’utérus. De manière pratique, ces décisions devraient permettre d’élargir la couverture vaccinale contre la quatrième tumeur la plus courante chez les femmes selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) et de renforcer les programmes de dépistage, ainsi que de traitement de cette affliction.
Bien que la connaissance et les outils pour prévenir et éliminer cette maladie existent déjà, il faut savoir que, toutes les deux minutes, une femme meurt du cancer du col de l’utérus, alors même que la vaccination contre le papillomavirus humain (HPV) – la principale cause du cancer du col de l’utérus – peut prévenir la grande majorité des cas et, associée au dépistage et au traitement, ouvre la voie vers l’élimination définitive de cette pathologie grave.
En outre, il faut indiquer que le cancer du col de l’utérus continue d’avoir un impact disproportionné sur les femmes et leurs familles dans les pays à revenu faible et intermédiaire (PRFI). Fort heureusement, parmi les changements importants sur le terrain, la recommandation de l’OMS, lancée en 2022, a conduit à l’instauration des calendriers de vaccination anti-HPV en une seule dose. Le respect de ces calendriers a permis de réduire considérablement les obstacles à la montée en puissance des programmes de vaccination.
Un an plus tard, cette recommandation mondiale a été renforcée, en 2023, par une autre similaire, dans la région des Amériques, puis suivie récemment par le Bureau régional de l’OMS pour l’Afrique. À ce jour, 37 pays ont déclaré avoir adopté ou avoir l’intention d’adopter le régime de dose unique.
Revenant sur les engagements annoncés lors du forum, il faut dire qu’ils répondent à des promesses faites en 2020. Aujourd’hui, cette première étape dans le respect de la parole donnée quelques années plutôt marquent un moment charnière dans l’accélération des progrès, puisque 194 pays ont adopté la stratégie mondiale de l’OMS pour l’élimination du cancer du col de l’utérus.
S’exprimant au 1er Forum mondial pour l’éradication du cancer du col de l’utérus, Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur Général de l’OMS, a appelé les Etats, les partenaires sociaux, les populations et le secteur privé à ne pas faiblir et à s’impliquer d’avantage dans la bataille pour l’éradication du papillomavirus :
« Nous avons les connaissances et les outils pour reléguer le cancer du col de l’utérus à la préhistoire, mais les programmes de vaccination, de dépistage et de traitement ne sont toujours pas à l’échelle requise (…) Ce premier forum mondial est l’occasion, pour les gouvernements et les partenaires, de s’investir dans la stratégie mondiale d’élimination du cancer du col de l’utérus et de répondre aux inégalités qui privent les femmes et les filles de l’accès aux outils salvateurs dont elles ont besoin. »
Au cours du Forum, l’Indonésie a réaffirmé son ambition de mener à bien son Plan d’action national 2023, ce qui a d’ailleurs inspiré d’autre pays. Par exemple, la République Démocratique du Congo s’est engagée à introduire le vaccin anti-HPV le plus tôt possible en s’appuyant sur le calendrier recommandé par l’OMS et à mettre tout en œuvre pour atteindre rapidement l’objectif de couverture vaccinale de la stratégie d’élimination du cancer du col de l’utérus chez les filles de 09 ans à 14 ans.
L’Éthiopie, elle, a promis de mettre en place une solide stratégie de délivrance du vaccin sur tout son territoire, dans l’optique d’une couverture vaccinale d’au moins 95 % pour toutes les filles de 14 ans, d’ici fin 2024. Ce, quel que soit leur statut socio-économique et qu’elles soient scolarisées ou pas. Le pays s’est aussi engagé à dépister un million de femmes éligibles chaque année et à traiter 90 % de celles dont le dépistage révèle la présence de lésions précancéreuses. De plus, l’ancienne Abyssinie a approuvé, pendant le Forum, la dose unique du vaccin anti HPV. Elle compte l’implémenter, cette année, dans son programme élargi de vaccination de ses citoyens.
Le Nigeria n’est pas en reste. Cette année, il a d’ores et déjà lancé son programme national de vaccination contre l’HPV et adopté le calendrier de vaccin à dose unique pour les filles de 09 ans à 14 ans. Il entend maintenant aboutir à au moins 80 % de couverture vaccinale des filles d’ici 2026 et poursuivre l’augmentation de la couverture du vaccin anti HPV, grâce à une stratégie de délivrance dudit vaccin robuste qui permettra d’adresser les filles là où elles sont. Pour les filles qui sont à l’école, il opte pour des campagnes de vaccination à l’école. Quant à celles non scolarisées, des activités de sensibilisation, à des moments clés de l’année, leur seront dédiées.
Il existe de nombreux défis sur le chemin de l’élimination du cancer du col de l’utérus. En 2022, une seule adolescente éligible sur cinq a été vaccinée, en raison des contraintes d’approvisionnement, des difficultés logistiques et de la pandémie de la COVID-19. Et bien qu’il existe des outils rentables et fondés sur des preuves pour le dépistage et le traitement, un peu moins de 05 % des femmes, dans de nombreux PRFI, n’ont jamais été dépistées pour le cancer du col de l’utérus.
Les contraintes des systèmes de santé, les coûts et le manque de volonté politique sont aussi des obstacles à la mise en œuvre de programmes complets de prévention et de traitement du cancer du col de l’utérus. Ces obstacles ont conduit à une profonde iniquité : Sur les 348.000 décès suspectés d’être causés par le cancer du col de l’utérus en 2022, plus de 90 % ont eu lieu dans les PRFI. Grâce aux gouvernements et aux partenaires qui se réengagent pour faire face à l’urgence, il est possible d’inverser la tendance et d’empêcher les décès annuels de passer à 410.000 d’ici 2030, selon les estimations actuelles.
Dans le détail, dans cette nouvelle enveloppe financière de 361,424 milliards FCFA débloquée pour lutter contre le cancer du col de l’utérus, 108,555 milliards FCFA proviennent de la Fondation Bill & Melinda Gates, 6,030 milliards FCFA du Fonds des Nations Unies pour l’Enfance (UNICEF) et 241,234 milliards FCFA de la Banque Mondiale. Voici ce qui a été dit lors de ce tout premier Forum contre le cancer du col de l’utérus coparrainé par la Colombie et l’Espagne, en partenariat avec l’Organisation Panaméricaine de la Santé (OPS), l’OMS, l’UNICEF, la Fondation Bill & Melinda Gate, Unitaid, le Fonds mondial pour la santé des femmes, des enfants et des adolescents (GFF), Gavi, l’Alliance du vaccin, l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID) et la Banque Mondiale :
KOFFI-KOUAKOU Laussin
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