Un déploiement sûr, sécurisé et éthique
Ce lundi matin, c’est sous un soleil rayonnant que des spécialistes, des experts et des professionnels de la Tech ont convergé vers le Sofitel Hôtel Ivoire pour participer, activement, à cette initiative pour un écosystème cyber éthique, au service du développement social et économique de l’Afrique. En cette première journée de la semaine, le premier fait marquant a été les propos liminaires délivrés dans le palais des congrès du Sofitel Hôtel Ivoire, l’écrin de son auditorium, en préambule de ces 02 jours de travaux sur l’IA et la cybersécurité en Afrique.
Franck Kié, l’a rappelé d’emblée, « la force d’un pays réside dans ses capacités à apprendre, à s’inspirer de ses actions passées pour bâtir, concevoir son futur. » Et c’est bien avec cette pensée en tête que le Commissaire Général du CAF a fait de son Forum une plateforme d’influence et d’affaires, désormais incontournable, des leaders du numérique en Afrique. En effet, en 4 ans, le Cyber Africa Forum a connu une croissance notable, grâce à la qualité et la diversité de ses intervenants composés d’experts, de cyber activistes, de professionnels, des hackers éthiques, d’entrepreneurs, de dirigeants et de décideurs. « Vous faites le succès du CAF depuis sa première édition. » A-t-il déclaré de la scène.
Poursuivant son propos, il est allé plus en détail : « L’engagement de plus de 50 organisations, leaders de leurs secteurs respectifs dont, cette année, Varonis, ABM, Rawbank, Olea, Deloitte, Kaspersky ou encore Wallix, prouve l’importance de notre mission commune : sécuriser l’espace numérique Africain, tout en favorisant l’innovation, pour le développement socio-économique et le rayonnement du continent Africain dans le monde entier (…)
Cette année, nous avons décidé de mettre l’accent sur une révolution qui affecte l’avenir de tous les secteurs : l’Intelligence Artificielle (IA). En effet, depuis notre dernière rencontre, le numérique a connu des avancées majeures, notamment l’essor des Modèles de Langage à Grande Échelle (LLMs). ChatGPT, plateforme ayant connu le meilleur démarrage de l’Histoire, avec 100 millions d’utilisateurs en deux mois, a rapidement démontré sa capacité à transformer des domaines clé de notre économie : Éducation, Santé, Finance, Énergie, Sécurité… Tous représentés lors des discussions du CAF.
L’IA va révolutionner tous les secteurs d’activités et les process de travail. Elle offre une capacité inégalée d’analyse de vastes volumes de données, améliorant ainsi la détection et la gestion des menaces de cybersécurité. Ce faisant, les LLMs peuvent réduire la charge de travail des équipes de sécurité, en automatisant des tâches et en améliorant la précision de la détection des menaces.
Selon des données communément admises, elle pourrait contribuer à hauteur de 15,7 % au PIB (Produit Intérieur Brut) Africain d’ici 2030, représentant une valeur ajoutée de 741 milliards FCFA et la création de 20 millions d’emplois.
Cependant, cette adoption présente des défis, notamment en termes de compétences, de ressources et de souveraineté numérique. De plus, nous observons une utilisation croissante de l’IA par les cybercriminels pour développer des attaques sophistiquées. J’en veux pour preuve l’incroyable accessibilité de certains outils qui permettent d’écrire des codes malveillants, de créer des malwares indétectables ou des pages de phishing et même de rechercher des vulnérabilités et des fuites de données.
L’un d’entre eux, que je ne mentionnerais pas pour des raisons évidentes, est disponible à l’abonnement pour seulement 123.500 FCFA par mois, tarif dégressif de surcroît ! Tout ceci, alors que le nombre de cyberattaques a plus que doublé au cours des cinq dernières années, tandis que les coûts liés à la cybercriminalité sont également en hausse, avec des estimations qui les établissent à 6.484 milliards FCFA, d’ici 2025 (…)
L’heure est grave et notre action est plus que jamais cruciale. Si nous ne réagissons pas de manière proactive et concertée, nous risquons d’accroître notre relation de dépendance avec le reste du monde et d’être à la merci des cyber-attaquants et de la chance. Ce n’est pas l’avenir numérique que nous voulons !
Le Cyber Africa Forum entend jouer, cette année encore, son rôle de plateforme de référence, en réunissant les acteurs clé, pour aborder les stratégies de défense les plus efficaces, face à ces nouvelles menaces. Nous mettrons également l’accent sur la collaboration régionale et internationale, le renforcement des compétences des professionnels de la sécurité, le soutien aux jeunes talents et la promotion des femmes dans le domaine de la cybersécurité (…)
Nous nous engageons, cette année, à aller au-delà de la réflexion théorique, pour nous concentrer sur des actions concrètes et conjointes, afin de naviguer, ensemble, à travers ces défis et opportunités. Ainsi, cette quatrième édition sera également marquée par des initiatives, telles que le Cyber Africa Women, le CAF CISO Club, le Hacking Challenge ou encore l’Executive Cybersecurity Awareness Meeting, visant à répondre aux enjeux du secteur numérique Africain, tout en célébrant et en stimulant les compétences de demain (…) »
Cette année, le Groupe KAYDAN a rejoint la plateforme. Son Président, l’entrepreneur Alain Kouadio, en a dit plus sur cet engagement à façonner une Afrique numérique forte et résiliente, face aux menaces que connaissent nos sociétés : « Depuis 2018, notre Groupe a décidé d’investir dans le numérique. D’abord, dans la fibre optique et les infrastructures passives, dans les startup, les data centers (…)
Nous avons investi dans le Cyber Africa Forum, car nous croyons au talent. A l’heure où l’intelligence Artificielle va bientôt nous gouverner, le Groupe Kaydan veut être leader dans le domaine du numérique. Le Cyber Africa Forum contribue à cette ambition et sera notre porte-étendard. Nous pensons que le secteur privé doit porter le numérique, mais cela ne saurait se faire sans l’accompagnement et le soutien de l’Etat (…) »
L’Ambassadeur des Etats Unis en Côte d’Ivoire était également présente au lancement officiel du CAF 2024. Honorée d’y participer, Jessica Davis Ba a expliqué le positionnement du pays de l’Oncle Sam, en matière d’IA et de cybersécurité : « (…) Ce Forum réunit les leaders (privés et publics) du secteur. Aujourd’hui, nous repoussons les limites du cyber et nous voulons pousser les initiatives dans ce sens. Les Etats Unis luttent contre les risques cyber et s’investissent dans la construction d’un monde numérique équitable pour tous (…)
Le Président Biden a lancé une initiative pour le développement des infrastructures numériques et des écosystèmes Technologiques et économiques de l’Afrique. En Côte d’Ivoire, nous investissons dans la transformation digitale, à travers plusieurs projets dédiés aux jeunes, avec le gouvernement Ivoirien et ses administrations publiques (…)
Ensemble, nous devons nous investir pour une technologie qui résout les problèmes et les défis de notre monde, afin de créer plus d’opportunités dans notre présent et pour l’avenir. Le futur, c’est maintenant ! » A-t-elle conclu, tout en laissant le pupitre à Moustapha Ben Barka.
Le Vice-président chargé des Financements et Investissements de la Banque Ouest Africaine de Développement (BOAD) a indiqué que son institution « s’investit dans les infrastructures numériques et appuie, en plus d’autres, plusieurs projets pour le développement d’un secteur numérique inclusif, sûr, favorisant l’intégration Africaine et le déploiement de la Zone de Libre-Echange Continentale Africaine (ZLECAF). » Pour y parvenir, elle s’est engagée à « la digitalisation de l’administration publique, des procédures et pièces administratives, etc. »
Il l’a aussi souligné, « nous sommes à un tournant décisif ! L’intelligence Artificielle et l’informatique quantique redéfinissent notre environnement. A ce stade, nous devons réfléchir et mettre en œuvre des stratégies pour nous prémunir de l’utilisation malveillante de ces Technologies, dans un monde où la mise en place de services de cybersécurité devient laborieuse, en raison du manque de ressources humaines, face aux attaques incessantes, démultipliées et de plus en plus sophistiquées des hackers. C’est la raison pour laquelle la BOAD veut augmenter, de manière significative, les financements en faveur du développement de la Tech et de la cybersécurité, d’ici 2027. » A-t-il révélé.
C’est à Kalil Konaté, Ministre de la Transition Numérique et de la Digitalisation, Parrain du CAF et Représentant le Vice-Président de la République, Son Excellence Monsieur Tiemoko Meyliet Koné, qu’est revenue la clôture des discours et le lancement officiel des travaux de la 4ème édition du Cyber Africa, cet évènement d’envergure consacré aux enjeux majeurs que sont la cybersécurité et l’Intelligence Artificielle.
« (…) En portant votre choix sur son Excellence Monsieur Tiemoko Meyliet Koné, Vice-président de la République de Côte d’Ivoire, comme invité spécial du Cyber Africa Forum 2024, vous faites honneur à la République de Côte d’Ivoire, qui au plus haut niveau, a placé les enjeux du numérique dans sa stratégie nationale de développement.
En effet, Son Excellence Monsieur Alassane Ouattara, Président de la République de Côte d’Ivoire, au cours du Conseil des Ministres du 18 octobre 2023, a traduit sa vision en ces termes : Nous devons accélérer le développement de l’économie numérique en tant que secteur transversal d’impulsion de la dynamique économique et de création d’emplois. Ainsi, des efforts importants devront être faits dans ce domaine, pour accélérer la transformation digitale de l’économie Ivoirienne.
De plus, Son Excellence Monsieur Tiemoko Meyliet Koné, numéro 2 de l’exécutif Ivoirien, a réitéré cette vision et mis en exergue l’importance de l’économie numérique pour le développement des économies Africaines. A ce titre, au cours du sommet Dialogues sur la prospérité en Afrique, tenu à Accra, au Ghana, le 28 janvier 2024, il insistait sur la promotion de la digitalisation en vue de faire de la Zone de Libre-Echange Continentale AFricaine (ZLECAF) une réalité tangible. D’où la nécessité d’adopter une bonne posture de cyberdéfense. Les activités de ce Forum s’inscrivent dans cette dynamique (…)
Nous vivons à l’aube d’une révolution numérique sans précédent, étroitement liée à l’essor de technologies émergentes, notamment l’Intelligence Artificielle. Si ces avancées technologiques représentent des opportunités extraordinaires pour nos sociétés, elles soulèvent également des défis de taille en matière de sécurité et d’éthique.
La cybersécurité est l’un de ces défis primordiaux. Dans un monde où nos vies, nos entreprises, nos infrastructures critiques dépendent chaque jour un peu plus du numérique, assurer la protection de nos systèmes informatiques est une nécessité vitale. Les cybermenaces ne connaissent pas de frontières, c’est pourquoi la coopération internationale est essentielle pour y faire face efficacement (…) il y a 10 ans, les cyberattaques étaient encore rares, circonscrites à quelques acteurs. Force est de constater que cette menace a gagné du terrain.
Souvenons-nous en 2017 de Wannacry, cette cyberattaque mondiale ayant touché des institutions et des entreprises de plus de 150 pays, soit 77% des Etats du monde, ainsi que de grands constructeurs automobiles, des opérateurs téléphoniques, mais également des hôpitaux. On se souvient que durant plusieurs heures, des usines ont été paralysées. Le préjudice subi s’est évalué en centaines de milliards FCFA.
Que dire de Adylkuzz et de NotPetya ? Ces deux rançongiciels de cryptomonnaie qui ont perturbé, en Ukraine, toujours en 2017, le fonctionnement d’un grand nombre d’infrastructures de transport et de banques, ainsi que de dizaines d’entreprises multinationales, à travers le monde.
Que l’on pense aux milliers de PME ayant vu leurs serveurs bloqués par une cyberattaque ou, pire encore, aux contenus diffusés par des organisations terroristes pour embrigader un certain nombre de nos jeunes. Récemment même, en Côte d’Ivoire, une société de parfumerie a été la cible d’une cyberattaque qui a affecté temporairement son système informatique.
Il est évident que la menace cyber est là, présente partout ! D’année en année, elle ne cesse de progresser. Elle arrive sous plusieurs formes : campagnes d’escroquerie aux faux ordres de virement, hameçonnage, attaques par rançongiciels, chevaux de Troie et vols d’informations, escroquerie en ligne, cyber extorsion, logiciels criminels, etc.
Le coût de la cybercriminalité en Afrique est énorme. En 2022, il était estimé à plus de 2.464 milliards de FCFA selon l’Union Internationale des Télécommunications (UIT). Bien que pour le moment, les dommages matériels et humains demeurent heureusement contenus, nous constatons que les risques ne cessent de grandir.
Pour ce qui est de l’Intelligence Artificielle, notons que ses applications multiples ouvrent des horizons insoupçonnés, mais soulèvent également de nombreuses interrogations d’ordre éthique et sociétal. L’IA offre des opportunités pour la transformation numérique de l’Afrique, car elle incarne l’espoir, l’innovation et le progrès.
Elle est un puissant outil à la prise de décision, à la maintenance prédictive dans les industries, à la facilitation du diagnostic en matière de santé, etc. Mais il faut toujours l’action humaine pour affiner et/ou confirmer ces dits diagnostics. Les questions qui se posent sont : Comment garantir que ces systèmes intelligents respectent nos valeurs fondamentales et nos droits individuels ? Comment éviter les dérives de ce puissant outil ?
Consciente de ces grands enjeux, la Côte d’Ivoire s’est dotée d’un cadre juridique et institutionnel, en vue de lutter contre la cybercriminalité, à travers entre autres, tout d’abord au plan national, la création d’une Plateforme de Lutte Contre la Cybercriminalité (PLCC), la mise en place d’un CI-CERT (Computer Emergency Response Team), l’adoption d’une législation sur la protection des données à caractères personnels, l’adoption de la loi 2013-451 portant sur la lutte contre la Cybercriminalité, l’adoption le 22 décembre 2021 de la Stratégie Nationale de Cybersécurité.
Ainsi que la création de la Direction de la Cybersécurité et de la Confiance Numérique pour coordonner les activités au plan national, régional et international en cybersécurité, l’élaboration du projet de loi de création de l’Agence Nationale de Sécurité des Systèmes d’Information (ANSSI), la création d’un Centre d’Innovation en Cybersécurité au sein de l’ESATIC, le projet de construction d’un Centre des Operations de Sécurité inclus dans le projet de construction du data center national.
Ensuite, au niveau international, le lancement du projet Cybersécurité, de Smart Africa en 2021, l’adhésion à la convention Budapest sur la cybercriminalité et la convention sur la cybersécurité et la protection des données à caractère personnel de Malabo, respectivement les 27 février 2023 et 08 mars 2023 (…) Nous croyons qu’ensemble, par un dialogue éclairé et une vision d’avenir, nous tracerons la voie vers un cyberespace plus sûr et une intelligence artificielle digne de ce nom, au service de l’Humain. »
Lors de cette cérémonie de lancement de la 4ème édition du CAF, un panel d’ouverture a traité la question des stratégies à adopter face à l’essor de l’IA en Afrique. Modéré par Mélanie Garson, Responsable de la Politique en Matière de Cybersécurité et Directeur par intérim de la Géopolitique chez Tony Blair Institute for Global Change, ses intervenants n’étaient autre que : Nizar Ben Neji, Ministre des Technologies de la Communication de la Tunisie, Aristide Ouattara, Associé, Leader Risk Advisory chez Deloitte Afrique Francophone, Adnane Ben Halima, Vice-Président en charge des Relations Publiques, Huawei Northern Africa (North, West and Central Africa) et Georges Mpoudi Ngole, Managing Director, Cybastion Infrastructure Solutions – Cybastion. La cérémonie a également vu la réception du Prix Léon Konan Koffi, remis par Didier Kla, Directeur Orange Business et Broadband, au Ministre Kalil Konaté. Elle a aussi été le lieu d’annonces exclusives. En effet, le Commissaire Général du CAF, Franck Kié, a annoncé un tout nouvel événement dédié exclusivement à l’Intelligence Artificielle et son impact sur l’Afrique. Baptisé AIFA, il se tiendra dans le courant du 4ème trimestre 2024. Après la visite des stands, les promoteurs du CAF, leurs partenaires et des représentants d’institutions et d’Etats ont eu une session ministérielle.
KOFFI-KOUAKOU Laussin
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