Les risques géopolitiques auxquels fait face Israël affectent sa notation financière
Dans la nuit du jeudi au vendredi, S&P a annoncé qu’elle avait abaissé d’un cran la note de la dette d’Israël de AA- à A+ à long terme. Elle a également descendu à A-1 la note court terme de l’Etat Hébreu qui était de A-1+ auparavant. Cette dégradation de la note de la dette souveraine de ce pays du Moyen-Orient fait suite « aux risques géopolitiques auxquels fait face Israël », aggravés « après la première attaque directe par l’Iran mi-avril. » Explique l’agence de notation financière.
S&P précise que « la récente intensification de la confrontation avec l’Iran accroît les risques géopolitiques déjà élevés pour Israël » et que cela est aussi la raison pour laquelle elle a assorti la notation du pays d’une perspective négative. Selon elle, cette perspective « reflète le risque que la guerre entre Israël et le Hamas, ainsi que la confrontation avec le Hezbollah puissent s’aggraver et affectent l’économie » Israélienne. S&P prévoit faire une nouvelle analyse de la situation le 10 mai prochain. Les résultats de celle-ci pourraient l’emmener à revoir de nouveau à la baisse la note d’Israël dans les mois à venir.
En février dernier, l’agence Moody’s avait déjà sanctionné le rang d’Israël en abaissant d’un cran, à A2 avec une perspective négative, la note à long terme de l’Etat Hébreu, en raison du conflit avec le Hamas, en contresens, à l’époque, des précédentes prévisions de S&P qui estimaient que le conflit ne durerait pas plus de 06 mois.
Mais, aujourd’hui, tout a changé. En effet, l’agence d’analyse financière New Yorkaise considère « qu’un conflit régional plus large sera évité, mais la guerre entre Israël et le Hamas et la confrontation avec le Hezbollah » devrait se poursuivre « tout au long de 2024 ».
Pour rappel, au dernier trimestre 2023, le Produit Intérieur Brut (PIB) du pays s’est contracté de 5,7% sur une base trimestrielle. Toutefois, S&P est optimiste, quant au rebond du PIB au 1er trimestre de cette année « compte tenu de la résilience passée et de la capacité de l’économie israélienne à s’adapter à l’impact des conflits militaires ».
Néanmoins, sur une base trimestrielle, la production restera inférieure aux niveaux d’avant-guerre, tout au long de 2024. Les secteurs de la construction et de l’agriculture sont significativement handicapés par l’absence des employés Palestiniens, tandis que le tourisme affiche un net repli, depuis le début, le 07 octobre 2023, du conflit Israélo-Palestinien. L’investissement a enregistré la baisse la plus forte, de 26% au dernier trimestre 2023, relève encore S&P Global qui, pour l’heure, anticipe une croissance réelle d’Israël de 0,5% en 2024, contre 2% en 2023.
Comme conséquences, l’agence prévoit un creusement du déficit public du pays, considérations prises en compte de l’augmentation des dépenses de défense, d’une croissance économique plus faible et de dépenses civiles supplémentaires destinées à compenser les dommages économiques et physiques causés par les conflits en cours.
Selon S&P, le déficit devrait s’élever à 8% du PIB Israélien cette année, contre 6,7% l’an dernier et 1,2 % en 2022. Ce déficit, qui se creuse de plus en plus ces trois dernières années, pourrait propulser l’endettement public vers un pic à 66% du PIB en 2026.
Malgré les nuages gris qui planent sur la tête d’Israël, S&P relève tout de même que la structure de la dette de l’Etat Hébreu reste très favorable. En effet, fin 2023, 84% de la dette publique était détenue au niveau national et libellée en Shekel, la monnaie locale Israélienne, ce qui, en tout état de cause, limite les risques d’une potentielle fuite des capitaux non-résidents.
Par ailleurs, il faut noter qu’Israël n’a aucune difficulté à lever des fonds sur les marchés de capitaux internationaux. Le pays affiche un excédent de sa balance des comptes courants depuis des décennies, grâce à la progression rapide de ses exportations de services de Technologies de l’Information et de la Communication (TIC) à haute valeur ajoutée.
C’est la deuxième fois, cette année, qu’Israël connaît une dégradation de la note de sa dette à long terme. En février dernier, Moody’s l’avait également abaissée à A2 et assortie d’une perspective négative, ce qui signifie qu’elle pourrait la baisser de nouveau dans les mois à venir. Moody’s avait alors indiqué que « le principal facteur » de cette baisse est l’évaluation « selon laquelle le conflit militaire en cours avec le Hamas, son contrecoup et ses conséquences plus larges augmentent sensiblement le risque politique pour Israël et affaiblissent ses institutions exécutives et législatives, ainsi que sa solidité budgétaire ». Elle avait aussi fait mention de l’état de « l’affaiblissement de l’environnement sécuritaire » qui « implique un risque social plus élevé », ainsi que « des institutions exécutives et législatives plus faibles », mais avait, malgré tout, tempéré son jugement de valeur en mettant en avant les « atouts » de la dette souveraine à long-terme d’Israël, « notamment une très grande force économique, issue d’une économie diversifiée, résiliente et à revenus élevés, une très grande efficacité de la politique monétaire », ainsi qu’ « un secteur bancaire solide et les liquidités et l’accès au marché très solides du gouvernement ». Début avril 2024, l’agence de notation Fitch s’était distinguée de Moody’s et S&P en retirant Israël des dettes sous surveillance et en maintenant sa notation à A+, avec, tout de même, une perspective négative.
KOFFI-KOUAKOU Laussin
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