Fabrice Zafpack, fondateur de data354 : « La Côte d’Ivoire doit faire de l’IA une stratégie… »

Fabrice Zafpack est le fondateur de data354
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Fabrice Zafpack l’a indiqué, en entame de notre conversation, sa startup « se considère comme une pionnière dans le domaine des données et de l’Intelligence Artificielle en Afrique de l’Ouest ». D’où l’intérêt, pour elle, de contribuer à leur développement dans cette zone du Continent. « Il est important, pour nous, de participer au développement de la collecte des données, de leur traitement et de l’IA. C’est pourquoi, nous soutenons des évènements comme le CAF et en sommes sponsor (…) » Ajoute Fabrice Zafpack.

Interrogé sur l’activité de son entreprise, il explique, ce lundi-là, que data354 propose du conseil, notamment pour l’implémentation et/ou la gestion de solutions qui impliquent l’IA. Développant sur ce sujet, Fabrice Zafpack a donné quelques exemples concrets des champs sur lesquels sa startup intervient.

« Dans notre activité de conseil, nous sommes amenés à intervenir par exemple sur les questions du credit scoring (évaluation automatique de la solvabilité d’un tiers, du risque de non-remboursement de prêts ou de traites d’assurance, de loyer, etc.), avec les banques, sur la prévision de consommation énergétique (…) Néanmoins, nous ne nous arrêtons pas là. Nous voulons être un acteur qui impact son écosystème, son environnement, la société (…)

C’est pourquoi nous faisons beaucoup de recherche et développement (R&D). Par exemple, nous travaillons actuellement au développement d’une IA sur le traitement des langues Africaines, dotée d’un assistant vocal (les assistants vocaux existants les plus connus sont Siri et Alexa) qui aura, également, des capacités conversationnelles comme ChatGPT. Pour l’instant, nous avons choisi de commencer avec le Bambara, car c’est l’une des langues locales la plus répandue en Afrique de l’Ouest. Nous avons aussi le traitement d’images satellites par IA, pour des prévisions environnementales, climatiques, météorologiques et pour l’agroforesterie (…)

Nous avons également développé des capteurs pour évaluer la qualité de l’air, dont les données recueillies, dans une ville ou une région, pourront être extrapolées à des zones non couvertes par des capteurs, grâce à l’imagerie satellite et la capacité de traitement et d’analyse qu’offre l’Intelligence Artificielle. » Explique Fabrice Zafpack.

Il faut dire qu’en termes de réglementation des Technologies de l’Information et de la Communication (TIC) et particulièrement de l’IA, bien que de nombreuses avancées ait été observées, il reste, tout de même beaucoup à faire. « Comparé au Sénégal et au Bénin qui sont en marche vers l’adoption d’un cadre réglementaire défini de l’IA, sur chacun de leur territoire respectif, la Côte d’Ivoire est en retard ! Elle doit rattraper son retard et être, forte de tous les atouts dont elle dispose, le leader en Afrique Francophone. Si elle décide de faire de l’IA l’objet d’une stratégie à part entière, elle peut tirer, sur ces questions, tous les autres pays Francophones Africains (…)

Cette stratégie devra répondre à la problématique du financement. En effet, à l’époque, pour entraîner un modèle d’IA comme ChatGPT, il fallait environ 61.500 milliards FCFA. Aujourd’hui, pour un modèle équivalant, il faut 61,5 milliards FCFA, soit une baisse par 1000 qui va continuer de se poursuivre. Cela veut dire que même si ces sommes demeurent importantes, la recherche et le développement en IA deviennent de moins en moins couteux. Malheureusement, nous n’avons pas assez d’investisseurs dans l’IA, en particulier, et dans la Tech, en général, surtout en Afrique. » Déplore Fabrice Zafpack.

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Or, comme Fabrice Zafpack l’a souligné, « l’Afrique regorge de talents ! Maintenant, il faut que l’offre de formations suive. En Côte d’Ivoire, le Master Data Analyst de l’INPHB (Institut National Polytechnique Félix Houphouët-Boigny de Yamoussoukro, la capitale politique Ivoirienne) ne sort que 20 diplômés par an, ce qui est louable, mais infime par rapport au besoin réel du marché. De plus, la recherche ne se porte pas mieux (…) Il faut plus de moyens aux écoles doctorales, afin qu’elles puissent améliorer les conditions des chercheurs (…) Pour le développement de l’IA en Afrique, on a également besoin de plus de GPU (unité de traitement graphique) et d’autres infrastructures servant à la collecte et au stockage des données. » Relève Fabrice Zafpack.

En conclusion de notre interview, Fabrice Zafpack a déclaré ceci : « L’intelligence Artificielle est avant tout et surtout un outil. Il peut avoir différents usages, bénéfiques comme malveillants, selon l’intention de son concepteur ou de son utilisateur. Ces dernières années, tout le monde se rend compte à quel point l’IA est un puissant instrument pour l’automatisation des process ou pour l’exécution de certaines tâches. Des tâches qu’elle effectue, bien souvent, mieux que les hommes (…)

Il est clair que son développement, son expansion et la démocratisation de ses usages peuvent créer des problèmes de cybersécurité, quand l’on pense, comme dans les scénarii Hollywoodiens, à ce que pourrait être un monde piloté par l’IA. Les développeurs d’IA ont, donc, la grande responsabilité de garantir la sécurité des outils et des utilisateurs. L’intervention du régulateur est donc tout aussi primordiale, pour la création d’un cadre juridique et la promotion éthique de cette technologie, à travers une charte (…) Le tout, accompagner de la mise en place de mécanismes pour s’assurer que les travaux respectent l’éthique et de la sensibilisation des usagers. »

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Le jeudi 09 novembre 2023, data354 remportait ici même, au Sofitel hôtel Ivoire, l’étape Ouest Africaine d’EDF Pulse Africa, le concours d’EDF, dont l’objectif est de révéler et d’accompagner les innovateurs Africains engagés pour le développement énergétique bas carbone du Continent. 05 mois plus tard, son projet a obtenu le 2ème Prix, lors de la grande finale Parisienne de la 5ème édition de cette initiative qui, au départ, a enregistré les candidatures de 427 startup issues de plus de la moitié des pays d’Afrique, sur ladite édition. En 04 ans d’existence, la startup de Fabrice Zafpack a connu une croissance 53%.

KOFFI-KOUAKOU Laussin