L’immense potentiel économique de l’Afrique est mis à mal par des prêts opaques adossés à des ressources naturelles, qui compliquent la résolution de la dette et compromettent la croissance future des pays du continent, a alerté, jeudi 18 avril 2024, le président de la Banque africaine de développement, Akinwumi Adesina. « Je pense qu’il est temps pour nous de rendre des comptes en matière de transparence de la dette et de veiller à ce que toute cette histoire de prêts opaques adossés à des ressources naturelles prenne fin, car elle complique la question de la dette et de sa résolution », a déclaré M. Adesina au journaliste Yinka Adegoke lors du Sommet Semafor Africa, qui se tient en marge des réunions de printemps 2024 du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale.
M. Adesina a pointé les défis posés par l’explosion de la dette extérieure de l’Afrique, qui a atteint 824 milliards de dollars en 2021, le poids de la dette publique des pays africains représentant 65 % de leur PIB. Il a indiqué que le continent paierait 74 milliards de dollars au titre du service de la dette rien que pour cette année, ce qui constitue une forte augmentation par rapport aux 17 milliards de dollars de 2010.
Tout en reconnaissant les pressions budgétaires auxquelles sont confrontés les pays africains en raison de la pandémie de Covid-19, des besoins en infrastructures et de la hausse de l’inflation, M. Adesina a insisté sur la nécessité de s’attaquer aux problèmes structurels de la dette africaine. Il a souligné le passage d’un financement concessionnel à une dette commerciale plus coûteuse et à court terme, la dette en euro-obligations représentant aujourd’hui 44 % de la dette totale de l’Afrique, contre 14 à 17 % auparavant. Le président de la Banque africaine de développement a également critiqué la « prime à l’Afrique » que les pays du continent doivent payer lorsqu’ils accèdent aux marchés des capitaux, malgré des données montrant que les taux de défaut en l’Afrique sont inférieurs à ceux d’autres régions. Il a appelé à mettre fin à cette perception du risque qui, selon lui, entraîne une hausse des coûts d’emprunt pour les pays africains. M. Adesina a souligné l’importance de mettre en place une méthode ordonnée et prévisible pour le traitement de la dette de l’Afrique, appelant à une mise en œuvre plus rapide du cadre commun du G20. Il a également souligné la nécessité d’accroître les financements concessionnels, en particulier pour les pays à faible revenu. « Ce qui est particulièrement frappant en Afrique, c’est que le niveau des financements concessionnels proprement dits a en fait baissé, s’est réduit de manière significative », a-t-il déclaré, ajoutant que le Fonds africain de développement le guichet de prêts à taux concessionnels du Groupe de la Banque africaine de développement — fournit des financements à long terme à des taux d’intérêt peu élevés aux 37 pays les plus vulnérables. M. Adesina a évoqué divers instruments et initiatives employés par la Banque pour dérisquer les projets et attirer les investisseurs institutionnels, tels que les garanties partielles de crédit, le capital hybride et la titrisation synthétique.
Pour l’avenir, Akinwumi Adesina s’est montré optimiste quant aux opportunités offertes à l’Afrique, en particulier dans le domaine des énergies renouvelables, compte tenu du vaste potentiel solaire du continent. Il a également mis en avant l’Africa Investment Forum, une plateforme créée par la Banque et ses partenaires, qui réunit des investisseurs du monde entier dans le but de faciliter les investissements à grande échelle dans des secteurs clés tels que les infrastructures, le numérique et les énergies renouvelables.
« L’Afrique est la meilleure destination d’investissement au monde », a conclu M. Adesina, soulignant l’engagement de la Banque africaine de développement à créer un environnement propice à la prospérité des investissements. M. Adesina est à Washington pour assister aux réunions de printemps 2024 du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale.
Aimé K.
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