Le FMI révèle les perspectives de croissance pour l’Afrique Subsaharienne

rapport FMI propose les tendances de l'économie
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Lors du point de presse qui a suivi cet exposé, ce lundi matin, Luc Eyraud a partagé les dernières données du FMI pour l’Afrique Subsaharienne, disponibles, depuis le 19 avril 2024, dans le rapport sur les perspectives économiques régionales 2024 pour l’Afrique Subsaharienne. Et selon les informations fournient par ce rapport réalisé par l’Institution de Bretton Woods, la croissance des pays d’Afrique Subsaharienne devrait passer de 3,4 % en 2023 à 3,8 % en 2024, puis s’établir à 4% en 2025. De plus, l’étude révèle que près des deux tiers des pays concernés par cette analyse devraient s’attendre à une croissance à la hausse.

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Le rapport dénote aussi une baisse de l’inflation

Sur le cas du Niger qui, avec le Mali et le Burkina Faso, a annoncé, en début d’année, sa décision unilatérale de quitter la Communauté Economique Des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), le rapport révèle que l’Etat Nigérien devrait enregistrer, cette année, la croissance la plus importante, en Afrique Subsaharienne. En effet, le FMI prévoit, pour ce pays, un Produit Intérieur Brut (PIB) Réel à 10,4%, au terme de l’année 2024, grâce notamment aux sommes que le pays tire de l’exploitation de son pétrole. Les 02 autres membres de l’Alliance des Etats du Sahel (AES), le Mali et le Burkina Faso, devraient, respectivement, afficher un PIB Réel à 4% et à 5,5%, à la fin de l’année 2024.

Concernant, la décision de retrait de la CEDEAO initié par les pays de l’AES, Luc Eyraud l’a signalé : « pour l’instant, l’impact est difficilement quantifiable. Cependant, il reste, pour l’heure et en attendant d’autres études, ainsi que de nouvelles évolutions, limité au regard des données dont nous disposons, à l’heure actuelle. »

Ainsi, comme il l’a relevé, ce lundi matin, durant le point de presse : « Les pays de l’AES ont décidé de quitter la CEDEAO, mais pas l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA). Leur départ de la CEDEAO soulève les questions de l’incertitude et de la perception des investisseurs qui peuvent avoir du mal à faire la distinction entre la zone commerciale d’échanges qu’est la CEDEAO et la zone de monnaie unique qu’est l’UEMOA. Il y aura une perturbation des échanges et des perturbations moins importantes sur les flux des individus. » A-t-il expliqué.

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Soulignant que le FMI est pour l’intégration, il a par ailleurs signalé qu’après 10 ans d’augmentation continue, la dette de l’Afrique Subsaharienne s’est stabilisée à 60% du PIB et devrait suivre une tendance baissière. Une tendance portée par la reprise économique mondiale constatée et les politiques sérieuses d’ajustements budgétaires menées par les pays d’Afrique Subsaharienne qui ont, entre autres, permis de ramener le taux médian d’inflation de presque 10 % en novembre 2022 à environ 6 % en février 2024, dans la zone.

Cependant, si ces chiffres sont encourageants, tout n’est pas rose. En effet, le rapport du FMI met également en lumière la pénurie de financement actuelle qui résulte, en partie, de la raréfaction des sources de financement traditionnelles de la région, en particulier l’Aide Publique au Développement (APD), et qui devrait affecter la zone Subsaharienne. En conséquence, « au cours des 04 prochaines années, les besoins de financement bruts extérieurs des pays à faible revenu d’Afrique Subsaharienne devraient dépasser les 42.735 milliards FCFA annuels (soit 6% du PIB). » Peut-on lire dans le rapport.

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Le rapport du FMI montre une nette diminution des aides au développement à destinnation de l’Afrique Subsaharienne

L’explication ? « Les sources de financement concessionnel s’étant raréfiées, les États se tournent vers d’autres solutions, qui se caractérisent souvent par des coûts plus élevés, une plus grande opacité et des échéances plus courtes. Les coûts de l’emprunt, au niveau national comme au niveau international, se sont accrus et continuent d’être élevés pour beaucoup de pays. En 2023, les paiements d’intérêts par les États ont représenté 12 % des recettes publiques (hors dons) pour le pays médian d’Afrique Subsaharienne, soit plus du double du niveau observé il y a 10 ans. Le secteur privé n’est pas non plus épargné par la hausse des taux d’intérêt. » dévoile aussi le rapport.

Questionné au sujet de la Côte d’Ivoire, Luc Eyraud et Aminata Touré estiment que la terre d’éburnie a un potentiel de croissance élevé dans la région et ajoute que « de 6,2% l’année dernière, le PIB Réel de la Côte d’Ivoire devrait s’établir à 6,5% cette année, tiré par son agriculture et les revenus des trois cycles d’exploitation du champ gazier et pétrolier Baleine (…)

Toutefois, il faut que la Côte d’Ivoire améliore sa résilience, en se dotant d’outils et de politiques de résilience climatique. La dette Ivoirienne, représentant 57% du PIB du pays à fin 2023, est à risque modéré et la Côte d’Ivoire a émis, en janvier dernier, deux Eurobonds, d’une valeur totale de 1.591 milliards FCFA, pour équilibrer ses ratios de liquidité et de solvabilité. Son ratio d’endettement devrait descendre pour représenter 53% de son PIB, d’ici 2027. » Rassurent-ils.

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Pour rappel, en 2023, le changement climatique a impacté la Côte d’Ivoire à hauteur de 0,4% de son PIB. Le pays bénéficie actuellement du Programme Economique et Financier (PEF) et de la Facilité de Résilience et de Durabilité (FRD). Dans le cadre de ces 02 programmes par lesquels le FMI accompagne la terre d’éburnie dans ses politiques structurelles, l’institution a octroyé près de 3.059 milliards FCFA au pays des Eléphants. Revenant sur la croissance moins rapide des pays riches en ressources naturelles, Luc Eyraud a préconisé qu’ils sortent de la spécialisation et diversifient leurs productions, ainsi que leurs économies, pour briser cette « malédiction ». Une analyse soutenue autant par sa collègue Aminata Touré que par les recommendations délivrées dans le rapport du FMI sur les perspectives économiques régionales des pays d’Afrique Subsaharienne.

KOFFI-KOUAKOU Laussin

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