02 traders remerciés par la Société Générale pour prises de positions non autorisées

Kerviel toujours en procès contre Société Générale
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Cet « incident commercial ponctuel en 2023 n’a généré aucun impact et a conduit à des mesures correctives appropriées. » C’est ce qu’affirme la banque qui justifie sa déclaration par le renforcement de sa gestion des risques qu’elle a opéré après l’affaire Kerviel. Dans le détail, il apparait que l’un des traders, qui a effectué les transactions contreversées à Hong Kong, n’avait pas dépassé les montants autorisés, mais avait plutôt placé des paris sur des contrats d’options, liés à des indices boursiers Indiens, qu’il n’était pas autorisé à réaliser.

Au final, ces opérations ont été repérées après « un certain temps », selon une source proche du dossier citée par l’agence, ce qui, en l’occurence, contredit les allégations de la banque. Comme la plupart étaient des transactions intrajournalières, cela n’a pas été détecté immédiatement, ajoute la source. Or, si les marchés Indiens s’étaient effondrés dans un court laps de temps, la Société Générale aurait pu être exposée à des pertes massives, souligne-t-elle. Par chance, aucune perte n’a finalement été générée sur ces transactions, mais cette nouvelle affaire entache, même dans une faible mesure, la stratégie de gestion des risques mise en place depuis 2008, par la banque agée de 160 ans, suite à l’affaire Kerviel.

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L’un des deux traders licencié a déclaré que « l’ensemble de l’équipe des risques et les autres patrons » étaient également responsables dans cette affaire. De plus, dans son post LinkedIn, Kavish Kataria estime être devenu un « bouc émissaire » et clame, haut et fort, que toutes ses transactions étaient correctement enregistrées et visibles par ses supérieurs à Hong Kong et à Paris. Il ajoute : « Au lieu d’assumer la responsabilité de la défaillance de leur système de risque et de ne pas identifier les transactions au bon moment, ils m’ont licencié et ont résilié mon contrat (…)

Si l’équipe de gestion des risques et son système de gestion des risques avaient identifié les transactions dès le premier jour et m’avaient informé que les transactions ne faisaient pas partie de mon mandat, je n’aurais pas négocié cette stratégie (…) Je reconnais avoir négocié des options sur des indices Indiens et, selon moi, cela faisait partie de mon mandat et était tout à fait dans les limites du trading. » Dans son post, Kavish Kataria souligne avoir gagné 30,650 milliards FCFA pour la banque en huit mois et se plaint de ne pas avoir perçu son bonus de l’année précédente.

Des similitudes avec l’affaire Kerviel

Pour rappel, en janvier 2008, la Société Générale avait déposé une plainte, auprès du Tribunal de Nanterre (France) à l’encontre de Jérôme Kerviel pour « faux en écriture de banque, usage de faux et atteinte au système de traitement automatisé des données ».

Le Parquet de Paris, également saisi par un actionnaire individuel d’une plainte contre la Société Générale pour « escroquerie, abus de confiance, faux et usage de faux, complicité et recel », avait ouvert une information préliminaire, le même jour, et l’avait confiée à la brigade financière. En outre, l’Association des Petits Porteurs d’Actifs (APPAC) avait, elle aussi, déposé une plainte, auprès du parquet Parisien, pour « diffusion de fausses informations ou informations trompeuses ayant agi sur le cours de Bourse des titres ».

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À l’issue d’une garde à vue de 48 heures, Jérôme Kerviel était présenté devant le pôle financier du tribunal de Paris avec une demande de mise en examen par le Parquet de Paris de « tentative d’escroquerie, faux et usage de faux, abus de confiance aggravée et d’atteinte à un système de données informatiques ». Sa détention provisoire avait été demandée, afin de « protéger le suspect des risques de pression » jusqu’au procès.

Finalement, les juges d’instruction chargés de l’affair Kerviel n’ont pas suivi le parquet et ouvert l’instruction, en ce qui concerne Jérôme Kerviel, pour un simple « abus de confiance, faux et usage de faux en écriture privées et pour introduction dans un système informatisé de traitement automatisé de données informatiques ». A l’époque, la perte poour le Société Générale était chiffrée à plus de 3.000 milliards FCFA.

Quelle était l’activité dévolue à M. Kerviel par la banque ? Comment a-t-il réussi à sortir de ce cadre ? Pourquoi la banque n’a t-elle pas réagi au vu de ces signaux ? Pourquoi les contrôles internes de la banque n’ont-ils pas abouti ? Dans quelles circonstances l’affaire s’est-elle dénouée ? La question des qualifications pénales et de la personnalité de Jérôme Kerviel ?

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En définitive, selon les dépositions faites au cours de l’enquête préliminaire, Jérôme Kerviel n’a soustrait aucune somme d’argent, mais a engagé des fonds de la banque au-delà du seuil auquel il était autorisé, en abusant de certaines procédures de contrôle avec de fausses informations, mais sans sortir du cadre de ses fonctions. D’autre part, les profits ou les pertes générés par ces dépassements, qui ont commencé à intervenir dès 2005-2006, étaient faits pour le compte de la banque qui les encaissait. Cette dernière en a, d’ailleurs, plusieurs fois tenu compte pour le calcul de ses rémunérations et c’est pour augmenter sa part de rémunération professionnelle que M. Kerviel a pris plus de risques. 

KOFFI-KOUAKOU Laussin

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