sociale est un enjeu de politique publique
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Un partenariat clé pour freiner l’exclusion des travailleurs informels

Les principaux obstacles à l’expansion de la couverture de la sécurité sociale en Afrique francophone centrale et occidentale sont la faiblesse des systèmes de gestion administrative d’identification (gestion de l’identité) et la forte part du secteur informel dans l’emploi (emploi salarié informel et auto-entrepreneuriat). Or, l’absence de pièces d’identité fiables et largement distribuées rend difficile l’enrôlement des individus.

En outre, elle complique le suivi de leurs contributions et le versement des prestations auxquels ils ont droit. Cette situation touche tout particulièrement les populations rurales et vulnérables qui sont les premières victimes de la défaillance du système d’établissement et de suivi de l’état civil. Ce manque d’identification entrave leur inclusion dans le système formel et les prive des avantages sociaux essentiels.

Ce phénomène d’exclusion des régimes traditionnels basés sur l’emploi salarié formel est renforcé par le fait qu’une très large partie de la population active (80% à 90%) évolue dans l’économie informelle. Dès lors, les fintechs, de par leur caractère innovant, peuvent, sinon doivent, jouer un rôle crucial, face au défi de l’inclusion des populations marginalisées, en matière de sécurité sociale entre autres. Concrètement, qu’il s’agisse de fournir des moyens technologiques à l’intégration de populations exclues ou même de la mise en place de produits et services adaptées aux attentes et caractéristiques de cette cible particulière, ce rôle peut prendre bien des formes.

sociale doit prendre en compte les personnes évoluant dans l'informel

En effet, le développement d’applications mobiles intuitives et accessibles, même pour les personnes peu familières à la technologie, permettra non seulement aux travailleurs informels d’adhérer facilement aux régimes (de sécurité sociale), mais également de verser leurs cotisations directement depuis leur téléphone portable, si des solutions de paiement mobile populaires, qui possèdent généralement des options de paiement flexibles adaptées aux revenus souvent irréguliers des travailleurs informels, y sont intégrées.

En outre, la mise en place par des acteurs technologiques, en partenariat avec des compagnies d’assurance, de produits d’assurance spécifiquement adaptés aux besoins – avec une, voire plusieurs offres de couverture de risques spécifique – et aux moyens des travailleurs informels peut largement contibuer à résoudre la problématique du taux d’assurés sur le Continent, surtout quand l’on sait que l’Afrique représente moins de 1 % du marché mondial de l’assurance, derrière l’Océanie. Ainsi, de tels produits auraient l’avantage de présenter une attractivité supérieure à celle des produits traditionnels, parfois éloignés des réalités de l’emploi informel.

Les fintechs acteur majeur de la pénétration des services financiers

Aujourd’hui, force est de constater que les institutions de sécurité et de prévoyance sociales, qui ont implémenté des moyens de collecte adaptés aux entreprises évoluant dans l’univers formel, sont mal outillées lorsqu’il s’agit de collecter des cotisations ou de verser des prestations aux personnes évoluant dans le secteur informel, de façon efficace. Pourtant, comme décrit plus haut, les fintechs proposent des solutions prometteuses, pour améliorer l’inclusion financière dans la région, en vulgarisant des services financiers mobiles accessibles et inclusifs.

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Mais surtout adaptés aux réalités de leurs utilisateurs, dont beaucoup sont issus de ce secteur informel. Les fintechs offrent déjà des applications mobiles simples et intuitives, permettant aux utilisateurs d’effectuer des transactions financières de base : Dépôts, retraits, transferts et paiements de factures… depuis leur téléphone portable. Un autre avantage supplémentaire présenté par les acteurs de ce type, c’est la capacité à utiliser la technologie, notamment la biométrie (reconnaissance faciale, empreintes digitales, etc.) pour l’authentification des utilisateurs et la sécurisation des transactions, dans un contexte où l’état civil peut être défaillant.

Les fintechs, moteurs de l’accélération de l’efficacité des systèmes de sécurité sociale

Les processus manuels peuvent entraîner des erreurs et retards pouvant résulter de l’insatisfaction du requérant dans le traitement des demandes et de cas de corruption trouvant leur source dans le manque ou la difficulté d’accès aux données de cotisants – entreprises cotisantes ou assurés sociaux – renforçant d’autant plus la défiance envers la solution ou le procédé.

Les fintechs, grâce à leur capacité à innover, peuvent apporter des solutions nouvelles pour améliorer ces faiblesses. Par exemple, leurs propositions d’automatisation des processus et de numérisation des données – et leur mise à disposition en ligne – pourraient déclencher, assez rapidement, un changement significatif dans la vérification des cotisations et le traitement des demandes de prestations, le stockage dans des registres numériques sécurisés, garantissant ainsi l’intégrité des données, la protection contre les fraudes et bien d’autres aspects pratiques. De plus, la mise à disposition en ligne de données de façon ergonomique, une des caractéristiques principales des fintechs, permettrait aux institutions de sécurité et de prévoyance sociale d’augmenter la confiance dans leurs processus.

Clairement, les fintechs offrent des solutions innovantes et prometteuses pour améliorer la couverture de la sécurité sociale en Afrique francophone centrale et occidentale. En mettant l’accent sur l’inclusion financière, l’efficacité opérationnelle, la transparence et la confiance, les fintechs peuvent contribuer à une meilleure protection sociale pour tous. Cependant, il ne faut pas perdre de vue que les fintechs restent elles-mêmes victimes de biais stratégiques qui compliquent ces partenariats holistiques avec des institutions de cette taille.

Ainsi des choix – intégration à des moyens de paiement plébiscités par le grand public tels que la monnaie mobile – répondant parfaitement aux objectifs d’acquisition et de fidélisation des clients individuels peuvent se révéler être des faiblesses quand il s’agit d’interagir non plus avec des personnes physiques, mais plutôt avec ce type d’organismes. Dans ce cas de figure, les principales déficiences identifiées sont : Les difficultés à gérer les opérations physiques, le manque ou l’absence d’intégrations bancaires et la faiblesse du reporting. Cela est singulièrement criard dans des régions comme les notres encore caractérisées par une grande préférence pour les transactions physiques, notamment en espèces, qui demeure, malgré les efforts importants consentis par les fintechs pour inverser cette tendance.

Cet état de fait rend difficile l’appropriation, par des institutions de type sécurité et prévoyance sociale, de ces solutions pour des régimes traditionnels (elles les plébiscitent cependant pour des régimes plus innovants). Ces régimes historiques, basés sur des entreprises formelles cotisantes, payant traditionnellement par le moyen du chèque, ont connu pour évolution digitale principale l’utilisation des virements (manuels ou en ligne) tout en conservant comme partenaires principaux les institutions bancaires. Pour ce qui est du suivi de fin de l’activité de recouvrement des cotisations, les plateformes offrent généralement des formats assez limités et peu modulables de reporting, alors que l’attente est plutôt celle d’un suivi exhaustif et flexible, pour une analyse des données et une prise de décision éclairées.

Banking as a service
En somme et au terme de notre réflexion, nous pouvons conclure que notre zone présente des perspectives intéressantes pour la collaboration entre les institutions de sécurité sociale et les fintechs. Ces dernières, grâce à leur capacité d’innovation et leur utilisation de technologies mobiles, peuvent pallier les faiblesses des systèmes traditionnels. Des solutions d’identification biométriques développées par les fintechs pourraient permettre d’enregistrer et d’authentifier les individus plus facilement, favorisant ainsi leur inclusion dans les programmes de sécurité sociale. De plus, les plateformes de paiement mobile développées par les fintechs pourraient simplifier la collecte des cotisations et le versement des prestations, améliorant ainsi l’efficacité et la transparence du système. Cette collaboration pourrait déboucher sur une augmentation du taux de couverture de la sécurité sociale et un meilleur accès aux prestations sociales pour l’ensemble de la population.

Par Thierry Fabrice Bahi, Directeur du Système d’Information de IPS – Caisse Nationale de Prévoyance Sociale – Côte d’Ivoire

Et Eric-Franklin Tavares, Directeur des Opérations chez Paylican

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