L’impact de l’IA sur la productivité des entreprises Africaines

Redda Ben Geloune a mené cette étude pendant 05 ans
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Ce mercredi-là, à Abidjan, la journée avait commencé sous un temps pluvieux, pas vraiment propice aux déplacements, avant de connaître une légère accalmie en début d’après-midi. Une accalmie sous un ciel poivre et sel qui a sans doute été interprétée, par les invités du jour de IFG Executive Education, comme une exhortation des dieux de la technologie à ne manquer cette conférence sous aucun prétexte.

Dès 14h30, dans le centre des affaires de la capitale économique Ivoirienne, précisément au Mövenpick Hôtel, dans une salle simple, intimiste, sobre, une salle à l’image du conférencier de cet après-midi, Redda Ben Geloune, vêtu de noir de haut en bas, comme à son habitude, attends calmement, debout à la manière d’un ascète prêt à partager sa foi en la Tech.

Il est 15h00 quand l’Alumni HEC Paris – fraîchement diplômé à l’époque, Redda Ben Geloune quitte son premier et l’unique employeur qu’il ait connu dans sa jeune carrière pour fonder, 02 ans après sa sortie d’école, son entreprise de distribution et de développement de solutions et produits informatiques adaptés à l’Afrique qui fête ses 20 ans d’existence le 05 juillet 2024 – met de côté sa caquette de CEO d’AITEK et enfile le mortier d’El Profesor – c’est le surnom de Redda Ben Geloune dans les milieux de la Tech et de l’entrepreneuriat – pour livrer les conclusions de son étude de l’impact de l’Intelligence Artificielle (IA) sur la productivité des entreprises.

Une étude qui aura demandé, à celui qui est également Alumni de Harvard, 05 ans de travaux, de recherches, de rencontres, d’entretiens, de collecte de données et le développement de l’IA nécessaire à soutenir sa thèse, au prix de navettes entre Abidjan, Côte d’Ivoire, et Cleveland, Etats-Unis. Et ce, afin de continuer de remplir le ministère auquel il dévoue sa vie depuis près de 20 ans maintenant : Évangéliser, afin que l’Afrique ne rate pas, encore une fois, la révolution en marche et soit actrice plus que spectatrice de la transformation numérique du monde !

Une révolution à ne pas rater !

Nouvelle image

L’heure de démarrer cette conférence de presse aux allures de Master Class sur l’IA et ses bénéfices pour l’Afrique est enfin arrivée. Dr Redda Ben Geloune, fidèle à lui-même, rentre dans le vif du sujet de façon franche et directe, faits et chiffres à l’appui :

« Tout au long des 150.000 dernières années, l’humanité a suivi un modèle de développement linéaire. Au jour d’aujoud’hui, nous vivons dans un monde interconnecté au potentiel de développement exponentiel ! Or, en Afrique, on est encore dans une pensée et une production linéaire. Et ce, au moment où les autres continents investissent beaucoup dans la Recherche et le Développement (R&D) Technologique (…) Secteurs public et privé, administrations, institutions, éducation, médecine, etc. L’IA aura des implications beaucoup plus profondes pour l’humanité que la découverte de l’eau et de l’électricité, comme l’a fait remarquer Sundar Pichai, le CEO d’Alphabet (la maison-mère de Google). »

Citant cette fois Elon Musk, le CEO de SpaceX, Tesla Inc. et Neuralink, entre autres, Dr Redda Ben Geloune ajoute : « Bientôt, il n’y aura plus que 02 types d’entreprises, celles qui existent et celles qui n’existent plus ! Les Technologies de l’Information et de la Communication (TIC) ont cela de formidable qu’elles rendent et ont rendu le savoir accessible à tous, quelque soit l’endroit où l’on se trouve dans le monde, et ont mis fin à des siècles, sinon des millénaires d’obscurantisme (…)

Aujourd’hui, nous n’avons pas le choix ! Nous devons nous investir dans la Tech et nous approprier l’IA, développer des IA qui répondent aux identités, aux besoins et aux spécificités Africaines, car, si nous ratons cette révolution, il nous sera impossible de rattraper le gouffre, déjà abyssal, creusé entre nous et les autres. » Diagnostique Dr Redda Ben Geloune.

Les 03 piliers de l’IA

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Il faut savoir que l’IA est une branche de l’informatique qui tend à simuler l’intelligence humaine, grâce à l’apprentissage automatique. L’objectif ? Créer des modèles de réseaux neuronaux synthétiques, capables, à l’instar de l’Homme, d’apprendre (machine learning), de raisonner, de prendre des décisions de manière autonome et de s’autocorriger. C’est dire l’horizon de perspectives que cette technologie ouvre pour la productivité des entreprises et les économies du monde entier. D’où l’intérêt de cette étude, de Dr Redda Ben Geloune, pour l’amélioration de la précision de la performance individuelle lors du recrutement, grâce à l’utilisation des modèles d’IA et de régression.

Dans le détail, les 03 piliers fondamentaux du fonctionnement d’une IA sont le développement des algorithmes (initié depuis le début des années 1960), la collecte massive de données (Big Data) et la croissance de ses capacités computationnelles (puissance) et de stockage, à bas coût.

Expliquant la genèse de sa recherche, Dr Redda Ben Geloune a indiqué qu’elle est partie de l’interrogation suivante, une question qu’il se pose depuis des années en tant qu’entrepreneur : « Peut-on trouver une IA capable de prédire la productivité des entreprises, ainsi que celle de leurs collaborateurs (individus) ? » Sa quête de réponse à cette question cruciale, pour un continent tel que l’Afrique où la moyenne d’âge des populations est aux alentours de 19 ans, contre 42 ans en Occident, l’a poussé à développer une IA avec des donnés Ivoiriennes, puis à l’a comparer avec d’autres.

« Aux Etats-Unis, 70% des entreprises s’impliquent sur un projet IA, mais seulement 23% ont les données nécessaires et à peine 13% ont les compétences requises en interne (…) Pour entraîner une IA comme ChatGPT, il faut un plus de 06 milliards FCFA par jour (…) Développer mon IA m’a coûté environ 1 million FCFA. » A-t-il révélé durant la conférence.

Un gain de productivité

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Selon les résultats de l’étude dirigée par Dr Redda Ben Geloune, la prédiction de la performance individuelle est de 60% avec les méthodes statistiques traditionnelles et de 49% lorsqu’elle se base juste sur le jugement humain. « Les modèles d’IA montrent une précision de 85% dans la prédiction de la performance individuelle et l’intégration des facteurs cognitifs et psychologiques dans les modèles d’IA conduit à une amélioration de 20% des prédictions de performance (…)

Sur une période de 04 ans, les employés sélectionnés, via des modèles d’IA, affichent une performance supérieure de 30% par rapport à ceux choisis par des méthodes traditionnelles. En outre, on observe une augmentation de 25% de la productivité et une réduction de 40% des biais dans les décisions d’embauche, ainsi qu’une augmentation de 15% de la croissance annuelle chez les entreprises qui ont adopté l’IA dans leurs process de gestion des Ressources Humaines (RH). » Explique Dr Redda Ben Geloune pendant son exposé.

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L’Afrique, continent le plus riche sur le papier, mais le plus pauvre à l’échelle de l’economie mondiale, souffre de la malédiction des terres riches en ressources naturelles. A l’heure actuelle, sa contribution au Produit Intérieur Brut (PIB) mondial n’est que de 2,7%. Pour Dr Redda Ben Geloune, « Nous vivons un moment prométhéen ! Avec l’IA, nous pouvons briser l’anathème. Visualisez avec moi. Au terme de mes recherches, il m’est apparu que si 15% des entreprises Ivoiriennes intègrent l’IA de manière efficiente et optimale dans leur process, elles pourraient contribuer, à elles seules, de 2% à la croissance annuelle du PIB nationale, grâce au gain de productivité que leur aura octroyé cette technologie. Imaginez donc ce que cela engendrerait, pour notre pays, si elle était massivement adoptée ! Je pense que la Côte d’Ivoire peut se positionner comme un leader régional dans l’adoption de ces nouvelles pratiques avancées de gestion des ressources humaines et être un exemple en et pour l’Afrique. Pour ce faire, nous devons encourager nos décideurs politiques à soutenir l’intégration de l’IA dans les entreprises, par l’entremise de réglementations et d’incitations favorables à son adoption, à développer la recherche, la formation et le renforcement de capacités, au plan local et en continue, des applications de l’IA dans divers domaines d’affaires pour doter nos entreprises des compétences nécessaires à la mise en oeuvre de solutions RH basées sur l’IA et doper la productivité de nos entreprises. Toutefois, pour y parvenir, il nous faut d’abord accroître localement notre puissance computationnelle et notre capacité de stockage, afin d’assurer la souveraineté de nos données. » Préconise Dr Redda Ben Geloune.

KOFFI-KOUAKOU Laussin

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