Incompréhensions notables ou faux procès faits à Endeavour ?
Le 23 juin 2024, une vanne défectueuse sur les lignes de décantation de la mine d’Ity – la plus vielle mine d’or en activité de Côte d’Ivoire, située précisément dans le département de Zouan-Hounien, dans la région du Tonkpi, à l’Ouest du pays, à 700 km de la capitale économique Ivoirienne, Abidjan, et acquise par Endeavour en 2015 – a causé une fuite de boue et d’eau de décantation qui a entraîné une contamination localisée dans le canal de dérivation menant au fleuve Cavally.
Contactée par Le Monde, Laetitia Gadegbeku Ouattara – la Directrice pays du Groupe exploitant ce site minier d’une superficie de 25 km² et qui devrait réaliser une production attendue aux alentours des 260.000 onces, voire 290.000 onces (entre 8,1 tonnes et 9,1 tonnes) d’or au terme de l’exercice 2024, Endeavour Mining – a déclaré, quelques jours après l’incident : « Des actions de communications ont été menées par nos équipes auprès des populations (…) »
La dirigeante d’Endeavour en Côte d’Ivoire déplore, toutefois, le traitement médiatique fait autour de cet accident. Pour dénouer le nœud, nous avons remonté le fil des publications, des déclarations publiques et eu un contact approfondi avec le numéro 1 du secteur aurifère en Afrique de l’Ouest.
La Directrice d’Endeavour met en garde contre la psychose et les effets d’annonce
« (…) Ce genre d’information provoquant parfois de la peur ou une psychose, une clinique a été mise en place sur le site d’Ity pour accueillir les habitants craignant d’avoir été intoxiqués (…) La plupart des malades reçus avaient des symptômes liés au paludisme (…) Les autres, des symptômes de diarrhée », ce qui ne permet pas de conclure avec certitude à un empoisonnement. C’est ce que révélait la Vice Présidente de Endeavour en charge des Affaires Publiques pour la Côte d’Ivoire au journal Le Monde concernant les première actions menées par le minier, suite à cet incident qui suscite des inquiétudes sur la sécurité environnementale et la santé des communautés locales.
S’« il y’a eu une pollution massive du fleuve Cavally », aux dires des propos véhiculés sans fondement, ni vérification, par les rumeurs, les rapports initiaux et les témoignages, y compris ceux du Professeur Yapo, le Directeur du Centre Ivoirien Antipollution (CIAPOL), confirment, eux, plutôt une pollution localisée due à la défaillance de la vanne en question. Endeaour Mining ajoute : « Les mesures rapides que nous avons prises, sous la supervision des autorités, ont évité une propagation étendue et permis une contamination moins grave que prévue (…) Les résultats des tests indépendants ont montré une diminution significative des concentrations de polluants après les interventions. »
Une affirmation confortée justement par le Professeur Yapo, avant notre prise de contact avec l’entreprise, dans son intervention Radio du 10 juillet 2024 : « Effectivement, il y a eu un incident sur la mine d’Ity, exploitée par Endeavour Mining, avec un refoulement d’eau cyanurée qui a emprunté la voie de Ouyatouo jusqu’à accéder au cours d’eau environnant. Donc il y a eu manifestement de la pollution, mais une pollution très localisée. Aujourd’hui, Il n’y a plus de pollution dans la zone (…) À ce jour, j’ose dire que le mal est derrière nous, parce que nous avons fait des évaluations de ces cours d’eau et les concentrations de cyanure que nous avons identifiées dès le départ sont atténuées (…)
Si les personnes qui ont consommé du poisson du marigot se disent contaminées avec des cas de malaises et de vomissements enregistrés, cela relève d’une intoxication légère. Une personne qui est intoxiquée de façon aiguë par le cyanure ne peut pas vivre, ça, il faut le dire ! Soit elle est dans un état comateux ou bien elle est déjà décédée. » Le jour même de cette déclaration du Directeur du CIAPOL, Albert Flindé, le Ministre-Gouverneur du District autonome des Montagnes confiait à la presse que « sur la base des investigations et des premiers résultats qui ont débouchés sur la nécessité de faire des investigations supplémentaires, on peut dire qu’il y a eu plus de peur que de mal ! »
Les premières réactions du minier
05 jours avant ces éclaircissements, Soro Tiomaga Drissa est revenu sur la procédure engagée dès la détection de la complication : « (…) Lorsque l’incident du à l’état défectueux de la vanne a été constaté, automatiquement, les collaborateurs ont opéré l’arrêt d’urgence de l’usine et cet arrêt d’urgence a stoppé tout influent quittant l’usine vers le parc à résidu, occasionnant du coup l’arrêt de l’écoulement de la boue dans le canal qui draine les eaux de ruissellement (…)
Nous avons procédé à un raclage et à un ramassage de tout ce qui était boue et eau de ruissellement dans la zone pour pouvoir s’assurer que la zone a été nettoyée selon les standards et normes en la matière (…) Lorsque l’incident a été circonscrit, nous avons automatiquement installé des caméras supplémentaires autour de la zone de la tuyauterie et du parc à résidu, pour augmenter la surveillance et afin de pouvoir détecter plus tôt ce genre de situation (…)
Nous avons reçu le CIAPOL, qui a fait des échantillonnages, et nous sommes en attente des résultats définitifs. Ensuite, nous avons également fait à notre niveau des échantillonnages que nous avons envoyés à l’extérieur, dans un laboratoire indépendant agréé sur le plan national, pour d’autres analyses. » A expliqué le Directeur Général du complexe minier SMI-SMD-SMF (Endeavour Mining) dans une interview accordée à l’Agence Ivoirienne de Presse (AIP) diffusée le 05 juillet 2024.
Le lendemain de la diffusion de cet entretien, dans une publication du 06 juillet 2024 de Fratmat.info, il en a dit plus sur la gestion de cette situation de crise : « Nous avons pris systématiquement des échantillons sur le canal de déviation et à l’intercession du canal avec le Cavally juste pour nous assurer de l’état d’avancement de cette solution qui s’écoulait dans le canal de déviation(…)
Dans le canal de déviation, il y avait de l’eau fluviale. Cette solution de décantation, au contact avec le canal de déviation, a eu un effet de dilution (…) Nous étions convaincus que cette solution, avant qu’elle n’arrive au Cavally, sur les 05 kilomètres, il y aurait eu un effet d’atténuation de la contamination liée à cet incident. » A-t-il confié aux équipes du pendant numérique du quotidien étatique Ivoirien Fraternité Matin.
Aux côtés des populations impactées
Le 04 juillet 2024, Laetitia Gadegbeku Ouattara, la Directrice pays et Vice-Présidente en charge des
Affaires Publiques pour la Côte d’Ivoire du Groupe Endeavour Mining, exprimait sa compassion aux communautés affectées par l’incident survenu à la mine d’Ity. « Dès les premières constatations, Endeavour Mining a informé le CIAPOL et les communautés locales, les sensibilisant sur les précautions nécessaires, notamment concernant la consommation des poissons affectés par l’incident. Des représentants du Ministère des mines et du Ministère de la santé se sont rendus sur place pour évaluer la situation et vérifier l’efficacité des mesures de nettoyage et de prévention mises en place par la mine (…)
Nous adressons nos sentiments de compassion aux communautés qui sont affectées par cet incident. Nous allons continuer à prendre les mesures pour pouvoir les rassurer (…) » A-t-elle signifié avant de réaffirmer l’engagement du Groupe Endeavour envers la Responsabilité Sociale et Environnementale (RSE) : « L’entreprise reste engagée à minimiser les impacts environnementaux et à renforcer la sécurité des communautés locales (…) Nous ne nous ménageons pas pour gérer cette crise de manière responsable et nous allons tirer toutes les leçons de cet incident, non seulement pour prévenir toute résurgence future, mais également pour continuer à soutenir activement les communautés. » A-t-elle assuré.
De mauvaises intentions prêtées Endeavour
Le 15 juillet 2024, l’AIP rapportait que « 02 semaines après l’incident et après les premières analyses, le Professeur Yapo a fait savoir que les mesures effectuées par le CIAPOL ont montré qu’il n’y a pas eu de concentration majeure du cyanure au niveau du Cavally et des cours d’eaux environnantes (…)
Il y a eu plus de peur que de mal, a conclu le Ministre-Gouverneur du District autonome des Montagnes, Albert Flindé, à la fin d’une visite qu’il a effectuée le mercredi 10 juillet 2024 sur le site minier d’Ity et dans le village de Ouyatouo (département de Zouan-Hounien), impacté directement par l’incident survenu au niveau de la station de traitement de la compagnie minière et qui a pollué le cours d’eau jouxtant cette communauté villageoise. »
Interrogé au sujet des ouï-dire répandant l’information selon laquelle « le Groupe continue d’exploiter le site sans avoir pris les mesures nécessaires au traitement de la situation », Endeavour Mining nous a dévoilé qu’elle « a réagi en fermant l’usine, en isolant la fuite et en nettoyant les zones affectées. Des
mesures préventives, incluant l’installation de caméras supplémentaires et la construction d’un bassin de rétention, ont été implémentées pour éviter la récurrence d’un tel incident (…)
Allant plus loin, nous avons mis en place des mesures d’approvisionnement en eau potable pour les populations. De même, les autorités – dès qu’elles ont été contactées par le Groupe – ont pris les mesures nécessaires pour un prompt rétablissement de la situation. » Nous a confié la firme du secteur des mines opérant aussi au Sénégal et au Burkina Faso.
Les éclaircissements du CIAPOL et du Ministère Ivoirien de l’Environnement, du Développement Durable et de la Transition Écologique
Pour rappel, aux lendemains de la survenue de cette fuite de boue et d’eau de décantation, le ministère de l’Environnement, du Développement Durable et de la Transition Écologique, dans son communiqué de presse daté du 02 juillet 2024, relevait que : « À ce jour, la source de pollution a été maîtrisée par Endeavour Mining qui s’est engagé, dans un bref délai, à approvisionner les populations riveraines en eau potable, en attendant la dépollution totale des eaux qui est en cours. »
Le jour suivant, le 03 juillet 2024, le Professeur Yapo corroborait cette déclaration de son ministère de tutelle au journal télévisé de la première Chaîne de la Radiodiffusion Télévision Ivoirienne (RTI) : « Endeavour s’est engagé, dans un bref délai, à approvisionner les populations riveraines en eau potable, en attendant la dépollution totale des eaux qui est en cours. C’est une entreprise qui est en règle et dont la mine fonctionne depuis 1991. Elle a ses arrêtés d’autorisation ! Elle a fait son étude d’impact environnemental et social et a fait l’objet d’une inspection semestrielle opérée par le Centre Ivoirien Antipollution au mois de juin 2024. »
Le 10 juillet 2024, lors d’une sortie radio, il a ,entre autres, indiqué que « lorsqu’il y a eu l’incident, le gouvernement a pris la pleine mesure. Il a pris des mesures conservatoires. Pour être plus prudent, on a demandé aux populations de ne pas consommer les eaux de marigot, les eaux de surface, de ne pas manger les poissons qu’ils trouvent morts aux abords d’un coup d’eau. »
Une transparence d’Endeavour et de toutes les parties prenantes
Concernant le qu’en-dira-t-on laissant entendre que « l’ensemble des parties prenantes a peu communiqué auprès du grand public, dont les craintes n’ont pas toujours été adressées comme il le fallait », Endeavour Mining nous a fait savoir que « la Société Minière d’Ity (SMI) a rapidement informé le CIAPOL, les autorités locales, les communautés affectées et fourni des mises à jour régulières sur l’évolution de la situation, ainsi que les résultats des tests environnementaux (…)
De même, les autorités se sont rendues sur ce site d’Endeavour, afin de mener leur propre analyse de la situation et communiquer leurs conclusions. Les apparitions médiatiques, effectuées tant par nous (Endeavour Mining) que par les autorités (dont le CIAPOL), n’ont eu pour autre but que d’informer le grand public et de le rassurer sur l’évolution de la situation, les mesures prises et les résultats obtenus à date. »
En effet, toujours dans son communiqué du 02 juillet 2024, le Ministère Ivoirien de l’Environnement, du Développement Durable et de la Transition Écologique soulignait que : « Aussitôt saisie, une équipe conjointe, composée du Centre Ivoirien Antipollution (CIAPOL) et du Laboratoire de l’Université de Man, a été dépêchée sur les lieux pour apprécier et déterminer les causes de cette situation. »
De plus, dans son apparition télévisée du 03 juillet 2024, citée plus haut, le Professeur Yapo confirmait déjà l’explication donnée plus tard par Endeavour Mining à Abidjan Economie : « C’est depuis le 23 juin 2024 que le Centre Ivoirien Antipollution, à travers son antenne de Man, a été informé. Il y a eu beaucoup de visites (…) Tous les ministères concernés – Ministère de l’Environnement, du Développement Durable et de la Transition Écologique ; Ministère de la Santé, de l’Hygiène Publique et de la Couverture Maladie Universelle ; Ministère de l’Hydraulique, de l’Assainissement et de la Salubrité ; etc. – ont fait des déplacements dans la zone pour s’imprégner de la situation. » A-t-il commenté.
Des solutions déjà implémentées et d’autres à venir
Interrogé sur ses actions menées pour le bien-être des communautés locales, que ce soit dans le cadre de la gestion de cette crise ou, de manière plus large, dans celui de sa contribution à leur prospérité, le Groupe Endeavour nous a partagé, preuve à l’appui, que, depuis le 26 juillet 2024, la société offre des services médicaux gratuits aux résidents locaux. « Plus de 43 consultations ont été effectuées à la clinique de la mine par l’équipe médicale dédiée. En outre, plus de 350 ordonnances ont été traitées. Pour renforcer davantage l’infrastructure médicale locale et pour soutenir l’ensemble des villages environnants, nous financerons également l’amélioration du centre médical d’Ouyatouo, incluant l’approvisionnement en médicaments essentiels en réponse rapide (…)
Par ailleurs, dans le cadre de l’amélioration des infrastructures hydrauliques, nous avons pris des mesures pour réparer 14 forages d’eau défectueux dans 08 villages avoisinants. 08 de ces forages ont déjà été remis en état et 02 nouveaux forages sont en cours de réalisation à Ouyatouo, l’un étant proche de l’achèvement. Un château d’eau, actuellement en construction, est prévu pour être opérationnel avant la fin de cette année 2024, garantissant ainsi un approvisionnement en eau amélioré pour la région (…)
Enfin, pour assurer une communication transparente et efficace avec les communautés affectées, nous avons instauré des cadres de concertation. Le premier, spécifique au village de Ouyatouo, a déjà tenu sa première réunion le 13 juillet 2024 et une deuxième a été organisée le 16 juillet 2024, sous la supervision du sous-préfet de Zouan-Hounien (…)
Un second cadre sera développé pour inclure les 07 autres villages riverains, afin d’adresser et de gérer collectivement les préoccupations des communautés locales. » A développé l’exploitant de la mine d’Ity détenue à hauteur de 05% par l’entreprise publique Ivoirienne Société pour le Développement Minier de la Côte d’Ivoire (SODEMI), de 10% par la Côte d’Ivoire et à 85% par le Groupe Canadien aux actions négociées à Toronto et à Londres.
Toute activité humaine comporte des risque. Selon Endeavour Mining, la quantité de boue contaminée déversée dans le fleuve Cavally est faible, « moins de 3.000 litres, mélangée avec l’eau de décantation ». Si cet incident TSF entache clairement l’image d’Endeavour, il est aussi clair que l’entreprise minière a très vite réagi, dès le constat de la fuite, et immédiatement pris, assumé, ses responsabilités dans cette crise, tant au niveau professionnel qu’envers les populations impactées, particulièrement, celle de Côte d’Ivoire, en général, et les autorités du pays. Laetitia Gadegbeku Ouattara, la Directrice pays d’Endeavour, a réaffirmé, en ces circonstances loin d’être réjouissantes, l’engagement RSE du Groupe, réitéré sa compassion aux communautés affectées par cet incident et assuré que l’entreprise se tient à leurs côtés, comme elle l’a toujours fait, dans les bons moments comme dans les périodes difficiles. Aux dernières nouvelles, aucun décès n’est à déplorer.
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