Une augmentation des catastrophes naturelles d’origine météorologique sur le Continent
Le changement climatique est à l’origine d’événements météorologiques plus fréquents et plus graves, tels que les sécheresses et les inondations, qui entraînent d’importantes pertes en vies humaines, la destruction des moyens de subsistance et le déplacement de communautés. En analysant le poids économique des catastrophes météorologiques sur les nations Africaines, ce livre blanc donne un aperçu du coût de la gestion des risques de catastrophe, explore la trajectoire actuelle des événements météorologiques et propose des mécanismes de réponse pour une gestion efficace des catastrophes.
Pour Ibrahima Cheikh Diong, sous-secrétaire général des Nations Unies (ONU) et directeur général du groupe à l’initiative de ce livre blanc, ARC, « il est essentiel de comprendre l’état actuel de la gestion des risques de catastrophes, ainsi que les défis et les opportunités qu’elle représente, afin d’élaborer des stratégies de réponse efficaces (…) »
Une gestion coûteuse
Les premières données misent en lumière dans ce livre blanc, c’est qu’au cours de la dernière décennie, la fréquence des catastrophes n’a cessé d’augmenter. En effet, de 32 incidents répertoriés en 2014, elle est passée à 56 occurrences enregistrées en 2023. Dans les 29 pays Africains pour lesquels des données sont disponibles et ont été utilisées dans ce livre blanc, les évènements en cause sont principalement dus aux inondations.
En outre, le livre blanc indique, dans ses estimations, que, en 2023, les gouvernements Africains ont injecté approximativement 1.327,700 milliards FCFA dans la gestion des catastrophes naturelles liées aux conditions météorologiques. Dans cette somme, 25% ont été déboursés pour gérer l’impact desdites catastrophes en Lybie, soit environ plus de 0,5 % du Produit Intérieur Brut (PIB) de ce pays d’Afrique du Nord.
Dans les 29 pays Africains pour lesquels des statistiques étaient disponibles, le livre blanc relève que 1.436 catastrophes ont été consignées entre 2000 et 2023. Dans ce nombre, 66% de ces événements étaient relatifs à des inondations, 15,4% à des tempêtes et 11,7% à des sécheresses.
Concernant les pluies, le contrecoup des fortes précipitations a été intensifié par la déforestation et les pratiques inadéquates de gestion des terres. Cependant, bien que la recrudescence des inondations soit inquiétante, les données disponibles dans ce livre blanc révèlent que les sécheresses ont touché davantage de personnes. Par exemple, en 2014, environ 05 épisodes de sécheresse observés ont frappé plus de 25 millions de personnes. Sur la même période, les 20 inondations constatées ont affligé moins d’un million de personnes.
L’Afrique fortement impactée par le changement climatique
Concernant la survenance de catastrophes naturelles liées aux conditions météorologiques, en termes de récurrence, le livre blanc souligne aussi que, depuis l’an 2000, l’Afrique est la 3ème des cinq régions continentales la plus concernée par ces phénomènes. Quant aux pays les plus foudroyés par ces afflictions sur le Continent, il révèle que l’Afrique du Sud, le Mozambique et Madagascar en Afrique Australe, le Nigeria à l’Ouest et une bande non négligeable s’étendant du Nord-Est de l’Angola jusqu’à l’Éthiopie et la Somalie dans la Corne de l’Afrique sont en tête de liste.
La tempête Daniel en Libye et le cyclone tropical Freddy au Mozambique sont deux des événements les plus graves survenus en Afrique en 2023, avec des ravages évalués respectivement à 995,775 milliards FCFA et 923,355 milliards FCFA pour chacun de ces Etats. Selon la société de réassurance Munich Re, le montant total des pertes économiques directes subies par le Continent à la suite de ces événements au cours de l’année avoisine les 4.828 milliards FCFA.
Ce livre blanc montre également que l’évolution des conditions météorologiques favorise la propagation des maladies transmises par l’eau, comme le choléra, ainsi que par les insectes, comme le paludisme, menaçant ainsi les progrès accomplis dans la réduction de l’incidence des épidémies depuis 2000, et met tout autant en évidence les inégalités entre les hommes et les femmes suite à des avaries météorologiques. Effectivement, s’il reconnaît que les catastrophes naturelles n’entraînent pas de discrimination fondée sur le sexe, il admet tout de même que leurs conséquences ne sont pas neutres, du point de vue du genre.
Accroître les investissements dans les systèmes d’alerte précoce
D’après le Bureau de l’ONU pour la réduction des risques de catastrophe, chez les pays disposant d’une couverture importante ou complète en matière de systèmes d’alerte précoce, la mortalité engendrée par les aléas climatiques ne constitue qu’un huitième de celle constatée dans les Etats s’accomodant d’une couverture limitée ou inexistante. Un constat amer qui fait dire à Ibrahima Cheikh Diong qu’ « il est tout simplement inacceptable que seulement 40% de l’Afrique soit actuellement couverte par des systèmes d’alerte précoce et que même ces derniers soient compromis par des problèmes de qualité », alors qu’un préavis de seulement 24 heures d’un événement dangereux imminent peut réduire les dommages qui en découlent jusqu’à 30 %.
La bonne nouvelle dévoilée dans ce livre blanc, c’est que les pays Africains se concentrent de plus en plus sur la réduction des risques de catastrophes, comme en témoigne l’augmentation du nombre de pays participant aux pools de risques de l’ARC. Pour preuve. Durant ces dix dernières années, la valeur assurée est passée de 77,851 milliards FCFA à 112,251 milliards FCFA et, malgré les difficultés financières rencontrées par les gouvernements Africains, de 04 pays assurés à 24 pays assurés entre 2014 et 2023, avec une grande partie des assurances prises orientée vers la couverture du risque de sécheresse. Expliquant cette amélioration et ce changement dans la conduite face aux effets du changement climatique, Ibrahima Cheikh Diong explique que « le parcours de l’Afrique en matière de gestion des catastrophes et de renforcement de la résilience s’accélère, mais il reste encore beaucoup de chemin à parcourir (…) Avec des priorités de développement concurrentes, telles que l’éducation et les soins de santé, de nombreux pays ne disposent pas de ressources suffisantes pour mettre en place des stratégies solides de gestion des risques de catastrophes (…) Les résultats de cette recherche montrent qu’il est urgent d’intensifier les efforts de renforcement des capacités pour la réduction des risques en Afrique. » Analyse-t-il.
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