Dossier : L’économie Européenne continue de reprendre du poil de la bête

Malgré la petite perte de puissance du moteur économique Européen – le Produit Intérieur Brut (PIB) de la 1ère économie d’Europe, l’Allemagne, a reculé de 0,1% entre avril 2024 et juin 2024 – la zone Euro poursuit son ascension commencée en janvier 2024. A peine sortie, au 1er trimestre 2024, de l’état de léthargie dans lequel elle s’était enlisée, la zone Euro affiche déjà une progression de 0,3% de son PIB au terme du 2ème trimestre 2024 (chiffres de l’Institut Européen des Statistiques).

En effet, au 30 juin 2024, sa croissance économique a encore contredit les oracles, persisté sur sa lancée et réalisé un PIB également en hausse de 0,3% par rapport aux 03 premiers mois de l’année 2024, tout comme au trimestre précédent. Si les Jeux Olympiques (JO Paris 2024), qui se déroulent actuellement en France, et leurs retombées positives attendues présagent d’un bon exercice 2024 pour la zone Euro, les dissensions idéologiques, politiques et économiques qui règnent parmi le cercle des 27, exacerbées denièrement par les résultats des dernières élections Européennes de juin 2024, ainsi que les pépins de la machine Allemande inquiètent un peu plus chaque jour.

Le moteur Allemand en déséquilibre des phases

Effectivement, depuis 02 ans maintenant, la 1ère économie Européenne souffre, entre autres, des difficultés de son industrie affectée par des coûts de l’énergie élevés. Ainsi, bien qu’il est enregistré une légère croissance de 0,2% au 1er trimestre 2024, le PIB de l’Allemagne a néanmoins reculé de 0,1% au 2ème trimestre 2024, pendant que ceux de la France, de l’Espagne et de l’Italie ont respectivement progressé de 0,3%, 0,8% et 0,2%.

Commentant les chiffres de l’Office fédéral de la statistique (Destatis) publiés ce mardi 30 juillet 2024, au sujet de ce repli, le Président de la Chambre de commerce et d’industrie Allemande, Martin Wansleben, a déclaré, le jour même : « La façon dont l’économie Allemande a évolué au cours des 06 premiers mois de cette année 2024 est décevante. La production industrielle n’a pas redémarré, les exportations ont flanché et les commandes dans le secteur manufacturier sont restées au point mort ! »

Avec des indicateurs conjoncturels à leur niveau le plus bas depuis septembre 2020, les perspectives pour les prochains mois sont plus sombres que jamais pour la Bundesrepublik Deutschland. Parmi les 27 Etats membres de l’Union Européenne (UE), seules la Hongrie, la Lettonie et la Suède ont vu leur PIB régresser davantage sur la même période.

L’Espagne sort du lot dans un climat de discorde totale

Au niveau de l’UE dans son ensemble, la tendance a également été de danser sur le même rythme qu’en début d’année 2024 en s’allignant, de nouveau, sur le +0,3% au 2ème trimestre 2024. Chez les grandes économies du Vieux Continent, hormis la mauvaise performance de l’Allemagne, la France (+0,3%), dans la moyenne Européenne, fait un peu mieux que l’Italie (+0,2%). L’Espagne, à 0,8%, a l’un des taux de croissance les plus élevés de l’union politico-économique Occidentale au 2ème trimestre 2024.

Toutefois, les divergences notables entre les pays de l’UE, évoquées en amont, pourraient constituer un nœud difficile à démêler pour la Banque Centrale Européenne (BCE), celle-là même qui est en charge de la politique monétaire pour le compte des Etats partageant la monnaie unique Européenne. Une politique commune au travers de laquelle elle doit faire un juste arbitrage entre les desiderata, les aspirations et les réalités économiques des 20 pays de la zone Euro, sans pour autant s’attirer les foudres des 07 autres avec lesquels ses mandants coopèrent au sein de l’UE.

Des efforts supplémentaires à fournir !

Comparée aux 02 premières puissances mondiales, la croissance Européenne reste globalement très inférieure. A +0,7% au 2ème trimestre 2024, les Etats-Unis et la Chine ont connu un accroissement de leurs PIB plus de 02 fois supérieure à celui de l’UE sur ladite période. Pour l’exercice 2024, les prévisions du Fonds Monétaire International (FMI) envisagent une croissance de 0,9% dans la zone euro, contre 2,6% aux Etats-Unis et 5% en Chine.

Nonobstant le faible reflux de l’inflation à 2,5%, sur une année glissante, dans la zone Euro observé en juin 2024, les pénuries de main d’oeuvre préoccupent aussi les experts. Et ce, alors que le taux de chômage est à un plus bas niveau historique, à 6,4% de la population active dans la zone Euro.

Pour la France, ces résultats encourageants de la zone Euro tombent à un moment opportun, puisqu’ils sont divulgués au moment où l’UE vient d’ouvrir officiellement une procédure pour déficit excessif à l’encontre de l’hôte de la XXXIIIe Olympiade. Pour le pays de la gastronomie, du luxe et du glamour, la seule option viable de prime abord serait de réduire, à nouveau, le budget de l’Etat, s’il veut espérer pouvoir tenir son engagement, pris devant ses partenaires Européens, de ramener son déficit public à 4,1 % du PIB en 2025, soit 1 point de moins que l’objectif pour 2024. Si le Ministre Français de l’Economie, Bruno Le Maire, a salué une « excellente performance de l’économie Française », soulignant que la croissance cumulée sur 2024 atteignait déjà la prévision gouvernementale de 1% fixée pour l’ensemble de l’année et qu’elle pourrait donc finalement la dépasser, il a également réaffirmé ce mercredi 31 juillet 2024, à l’antenne de la chaîne de télévision généraliste Française de service public France 2, que son « objectif reste de revenir sous les 3% de déficit en 2027. C’est tout à fait possible (…) De la même façon que nous réussissons sur la croissance économique, nous devons réussir sur le redressement des comptes publics ! »

KOFFI-KOUAKOU Laussin

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