Côte d’Ivoire : Premier port thonier d’Afrique, n’a aucun contrôle ni sur la chaîne de production ni sur la chaine de distribution du poisson

THON
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La Côte d’Ivoire est l’un des plus gros consommateurs de poisson au monde. En Afrique, la Côte d’Ivoire est le plus gros consommateur de thon mais aussi de la carpe. Cependant, notre pays qui possède le premier port thonier d’Afrique, n’a aucun contrôle ni sur la chaîne de production ni sur la chaine de distribution du poisson. Quelles sont les réalités que cache ce terrible paradoxe? Résumé d’une enquête terrain dans un direct Facebook (Assalé Tiémoko, Journaliste, député-Maire de Tiassalé).

Le secteur de la pêche en Côte d’Ivoire, pourtant crucial pour l’économie, rencontre plusieurs problèmes structurels et réglementaires qui freinent son développement ; ce qui impactent le consommateur final.

Voici une liste de problèmes:

1. Coût élevé du dédouanement et des frais associés à la pêche

Le coût du dédouanement des produits de la pêche en Côte d’Ivoire est particulièrement élevé. Par exemple, le thon est facturé à 78 francs CFA par kilogramme par la douane, comparé à seulement 15 francs au Sénégal et au Ghana. Cette différence de prix rend la pêche moins compétitive en Côte d’Ivoire par rapport à d’autres pays de la sous-région.

Les frais d’escale pour les bateaux de pêche sont également exorbitants, en Côte d’Ivoire, ce qui alourdit les coûts d’exploitation des opérateurs locaux.

2. Absence de bateaux de pêche nationaux

Bien que le port de pêche d’Abidjan soit le premier port thonier d’Afrique de l’Ouest, le pays ne dispose pas de sa propre flotte de bateaux de pêche. Cela crée une dépendance excessive envers les opérateurs étrangers pour l’exploitation des ressources halieutiques ivoiriennes, réduisant ainsi les bénéfices potentiels pour l’économie locale.

3. Problème de gouvernance et de coordination

Le ministère en charge de la pêche semble être déconnecté des décisions concernant le port de pêche. En effet, la gestion du port est exclusivement assurée par l’administration portuaire, laissant le ministère sans un rôle actif dans la prise de décision. Ce désengagement crée un vide dans la régulation et la gestion du secteur, limitant la mise en œuvre de politiques de développement appropriées pour le secteur de la pêche.

Ce paradoxe laisse penser à une fuite de responsabilité de la part des autorités compétentes, ce qui freine l’élaboration et l’exécution de réformes nécessaires pour améliorer le secteur.

4. Compétitivité régionale limitée

Les opérateurs ivoiriens doivent composer avec des coûts de production plus élevés que ceux de pays voisins comme le Ghana et le Sénégal. Cette situation décourage les investissements dans le secteur et réduit la compétitivité des produits de la pêche ivoiriens sur les marchés internationaux et régionaux.

Solutions proposées :

1. Révision des taxes douanières : Harmoniser les taxes douanières appliquées à la pêche, avec celles pratiquées dans les pays voisins afin de stimuler la compétitivité.

2. Encouragement d’une flotte nationale : Investir dans le développement d’une flotte de pêche nationale pour exploiter directement les ressources maritimes du pays et réduire la dépendance vis-à-vis des acteurs étrangers.

3. Réforme de la gouvernance : Revoir la gouvernance du secteur en renforçant le rôle du ministère de la pêche dans la prise de décisions et la gestion du port de pêche, afin de favoriser une coordination plus cohérente et efficace entre les différentes entités impliquées.

4. Optimisation des frais d’escale : réduire les frais d’escale et explorer des solutions locales, comme des subventions ou des partenariats publics-privés, pour diminuer les coûts opérationnels des acteurs nationaux.

5. Renforcement de la compétitivité régionale : Adopter des mesures incitatives pour attirer les investisseurs locaux et internationaux, comme des exonérations fiscales temporaires pour les entreprises de pêche et des subventions pour l’achat d’équipements modernes.

D’autres Recommandations :

Renforcer la professionnalisation de la filière pêche

Améliorer la formation des acteurs de la filière à tous les niveaux (pêcheurs, transformateurs, distributeurs) pour garantir une gestion durable et efficace des ressources halieutiques. Cela inclut l’adoption de technologies modernes et de meilleures pratiques de pêche, ainsi que la création d’un cadre réglementaire plus rigoureux pour encadrer les activités du secteur.

Développer et moderniser la pêche artisanale

Soutenir les communautés de pêcheurs artisanaux en leur fournissant des équipements modernes, une meilleure infrastructure et des programmes de formation. La pêche artisanale doit être valorisée pour sa contribution à la sécurité alimentaire et à l’emploi, tout en assurant une gestion durable des ressources maritimes.

PLATE-FORME ADCI-FRANCE


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