SIREXE 2024 : la nouvelle vitrine des partenariats Nord-Sud et Sud-Sud en Afrique

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650 000 barils par jour. C’est la capacité de la raffinerie Dangote, inaugurée au Nigéria en 2023, qui symbolise la nouvelle forme de partenariat en Afrique, continent qui abrite 30% des réserves mondiales de matière premières minérales selon Sika Finance  . Porté par un financement hybride impliquant des acteurs africains tels que l’AFC, la BAD et Afreximbank, ainsi que des banques commerciales locales et des institutions internationales comme Standard Chartered Bank et Deutsche Bank, ce projet incarne la nouvelle dynamique de coopération sur le continent. Une tendance qui sera au cœur du 1er Salon International des Ressources Extractives et Énergétiques (SIREXE), un évènement prévu du 27 novembre au 2 décembre 2024 à Abidjan. Grande foire des alliances économiques, qui réunira investisseurs, gouvernements et entreprises, autour d’enjeux clés, notamment comment accélérer le développement des industries extractives africaines. Véritable foire des partenariats Nord-Sud et Sud-Sud, ces rencontres entendent capitaliser sur les ressources naturelles du continent et attirer capitaux, technologies et expertise mondiale vers l’Afrique.

Baleine et Calao de la Côte d’Ivoire à l’honneur

Parmi les projets tête d’affiche, les projets Baleine et Calao, gisements au large de la Côte d’Ivoire, font figure de références. Baleine, découvert en 2021, est aujourd’hui le plus grand gisement pétrolier du pays. Opéré par le groupe italien ENI en partenariat avec l’État ivoirien, il regorge de 2 milliards de barils de pétrole brut et 2,4 billions de pieds cubes de gaz. Une production estimée à 120 000 barils par jour d’ici 2025 en fait un projet structurant pour l’économie ivoirienne et un modèle de coopération Nord-Sud.

Non loin de là, le gisement Calao, découvert peu après, complète ce tableau. Encore en phase d’évaluation, Calao suscite déjà l’intérêt des investisseurs internationaux, notamment grâce à son potentiel énergétique de grande ampleur.

Le Sud-Sud en pleine expansion

Si les partenariats Nord-Sud maintiennent leur importance dans l’exploitation des ressources africaines, c’est bien la montée en puissance des alliances Sud-Sud qui domine les débats. Des groupes africains comme Managem, qui a racheté des actifs aurifères à la canadienne Iamgold pour 280 millions de dollars au Sénégal, en Guinée et au Mali, OCP (Nigeria, Ghana) ou encore la nigériane Dangote, renforcent cette tendance. “Ces entreprises ne se contentent plus d’être des partenaires locaux : elles sont devenues petit à petit des leaders régionaux, qui prennent part à des projets de grande envergure à l’échelle du continent,” raconte un spécialiste du secteur minier ouest-africain, basé à Cotonou.

Et si aujourd’hui, les pays africains renforcent également leurs collaborations intra-continentales, Gouvernements et entreprises locales se tournent de plus en plus vers des partenaires du Sud, comme la Chine, l’Inde, le Brésil ou encore la Turquie.

Une aubaine pour l’Empire du Milieu, qui a investi massivement dans les secteurs minier et pétrolier africains depuis le début des années 2000. Entre 2006 et 2020, environ la moitié des investissements chinois en Afrique – soit près de 140 milliards de dollars – ont été orientés vers les métaux et l’énergie. À cela s’ajoutent les investissements dans les infrastructures de transport, qui représentent 29 % du total, soit 89 milliards de dollars, et qui servent en partie à soutenir les secteurs extractifs. En RDC, où se trouve environ 70 % du cobalt mondial, la Chine contrôle une grande partie des mines, essentielles à la fabrication des batteries de véhicules électriques.

A en croire Sika Finance, de leur côté, l’Inde, la Turquie et la Corée du Sud avancent également leurs pions. Ces pays investissent massivement en Afrique, en particulier dans les infrastructures et l’exploitation minière. En 2023, les investissements directs étrangers (IDE) indiens sur le continent ont frôlé les 70 milliards de dollars, largement concentrés sur les ressources naturelles. Et ils devraient presque doubler pour atteindre plus de 150 milliards $ dans les prochaines années.

“Le SIREXE 2024 se veut une plateforme pour consolider et accélérer ces partenariats et attirer de nouveaux investisseurs. La rencontre d’Abidjan réunira des décideurs politiques, des entreprises africaines et internationales, ainsi que des institutions financières régionales”, glisse une autorité proche de l’organisation à Abidjan.

Nord-Sud : une coopération en mutation

Pour autant, les partenariats Nord-Sud n’ont rien perdu de leur importance stratégique. Des multinationales comme TotalEnergies ou ENI continuent d’investir massivement dans des projets sur le continent. L’Anglo-Australien Rio Tinto a renforcé son intérêt pour les actifs miniers avec des acquisitions dans le secteur des mines de cuivre et de nickel en 2022. L’australien Ivanhoe investit 2,9 milliards dans Kamoa-Kakula en RDC. Newcrest Mining, qui est aussi australien a acheté Pretium Resources pour 2,8 milliards. Et le canadien Endeavour conforte sa présence en Afrique de l’Ouest. Le Français TotalEnergies s’est engagé dans deux projets majeurs en Ouganda pour un total de 10 milliards de dollars. “Les investisseurs européens et nord-américains continuent de détenir la plus grande partie des stocks d’IDE en Afrique”, rappelle un analyste.

Pour ses organisateurs, “le SIREXE 2024 constituera donc une opportunité pour ces acteurs historiques de repenser leurs partenariats avec les gouvernements et entreprises africaines.” Les enjeux liés à la transformation locale des matières premières, à l’adoption des énergies renouvelables et à la durabilité des exploitations seront au cœur des débats, indique-t-on. “Cette évolution, déjà amorcée, vise à inscrire les relations Nord-Sud dans un cadre plus équilibré et durable.”

Julien Koffi


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