Lors de la troisième revue du Programme Économique et Financier (PEF) 2023-2026 en Côte d’Ivoire, le ministre d’État, ministre de l’Agriculture du développement rural et de la Production vivrière, Kobenan Kouassi Adjoumani, a présenté ce jeudi 3 octobre 2024, un bilan prometteur du développement du secteur agricole. Avec une prévision de croissance de 4% pour la production vivrière en 2024 et des initiatives gouvernementales ambitieuses, la Côte d’Ivoire semble sur la voie de la souveraineté alimentaire, malgré des défis considérables.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : au premier semestre 2024, la production de tubercules et de banane plantain a atteint 19 099 589 tonnes, soit une augmentation de 5% par rapport à 2023. Le manioc et l’igname, représentant plus de 85% de ce volume, témoignent des progrès réalisés grâce à divers programmes de soutien. De même, le secteur des céréales affiche des résultats encourageants avec un volume de production de 3 645 382 tonnes, et une hausse prévue de 15% pour la production de riz d’ici la fin de l’année.
Cependant, le parcours n’est pas sans embûches. Le secteur cacao, pilier de l’économie ivoirienne, constate une baisse de 18,90% de la production au premier semestre 2024, causée par des conditions climatiques défavorables. Les exportations de cacao enregistrent également une chute de 22,75%, illustrant la nécessité d’un dialogue accru entre l’État et les entreprises de transformation pour garantir une meilleure gestion de ce marché vital.
En revanche, le café fait état d’une reprise remarquable, avec une production doublée depuis l’année dernière, passant à 70 782 tonnes, et une augmentation des exportations de 58,31%. Ce contraste dans les différentes cultures souligne les défis face auxquels se trouvent les producteurs, exacerbés par des conditions climatiques capricieuses.
Le secteur du coton et de l’anacarde, quant à lui, souffre de rendements en baisse dus à la sécheresse persistante. Le gouvernement s’engage à soutenir ces filières en allouant 11,939 milliards de FCfa pour les subventions aux intrants et des prix d’achat garantis pour le coton.
Dans le registre de l’huile de palme et du caoutchouc, une légère hausse a été observée, avec une production estimée à 1,3 millions de tonnes pour l’huile de palme en 2023 et une augmentation projetée de 21% d’ici la fin 2024 pour le secteur. Ces résultats positifs mettent en lumière l’engagement du gouvernement en faveur de pratiques agricoles durables et de l’amélioration des infrastructures de transformation.
Dans le cadre de l’atteinte de l’autosuffisance alimentaire et du développement durable, le gouvernement met en œuvre plusieurs projets stratégiques, de la mise en place du Programme de Production Alimentaire d’Urgence aux projets d’aménagement hydro-agricoles, renforçant ainsi les capacités des agriculteurs.
Il est impératif de créer un climat d’affaires favorable dans le secteur agricole. Des mesures sont en cours pour encourager un environnement propice aux investissements et à l’innovation. Cela inclut la réglementation et l’harmonisation des politiques agricoles avec les pays voisins, tel que le Ghana, qui travaille pour une meilleure gestion du marché du cacao, garantissant ainsi une stabilité essentielle à la croissance économique régionale.
Malgré les défis, la Côte d’Ivoire semble résolue à renforcer son secteur agricole. Les efforts du gouvernement visent non seulement à garantir la sécurité alimentaire du pays, mais aussi à positionner la nation comme un acteur clé du marché agroalimentaire international.
La Côte d’Ivoire renforce son secteur agricole face aux défis climatiques et économiques
Le Gouvernement ivoirien a réaffirmé son engagement envers le développement durable et la souveraineté alimentaire à travers le Programme National d’Investissement Agricole de deuxième génération (PNIA 2). D’un budget total de 12 315 milliards de Francs CFA, ce programme se déploie sur neuf zones agroécologiques homogènes, connues sous le nom d’Agropoles, visant à transformer le paysage agricole national.
Deux Agropoles, 2PAI-Bélier et 2PAI-Nord, ont déjà vu le jour, engendrant plus de 200 milliards de Francs CFA d’investissements et favorisant la croissance d’entreprises agro-industrielles. Ces initiatives, en promouvant la diversification des cultures et en facilitant l’accès aux intrants, renforcent la chaîne de valeurs agricole, créant ainsi des emplois et des opportunités économiques.
Des formulations pour d’autres Agropoles sont en cours, dont celles du Nord-Est et du Centre, qui étendront les bénéfices du 2PAI-Bélier à des régions telles que le Moronou et le N’ZI. En 2024, le démarrage des études pour l’agropole du Nord-Est marque un pas important vers l’expansion de ce programme, avec des discussions en cours pour la formulation de l’agropole du Nord-Ouest.
Au niveau du financement, plus de 2 610,3 milliards de Francs CFA ont été mobilisés auprès des Partenaires Techniques et Financiers pour soutenir la mise en œuvre du PNIA 2. Parallèlement, des négociations avancent pour établir deux autres Agropoles en 2025, soulignant la dynamique positive du secteur.
Pour garantir une production alimentaire suffisante, plusieurs projets structurants sont en cours. Parmi ceux-ci, la Stratégie Nationale de Développement de la filière Riz (SNDR 2) vise à porter la production de paddy à 4 millions de tonnes d’ici 2030 afin d’assurer la sécurité alimentaire. De plus, des initiatives comme le Programme de Production Alimentaire d’Urgence et le Projet de Développement des Chaînes de Valeurs Vivrières font partie des efforts pour renforcer la production et la résilience des systèmes alimentaires.
Dans un contexte où le changement climatique impacte lourdement l’agriculture, des mesures correctives sont mises en place. En 2023, la sécheresse a entraîné une réduction de 18% des récoltes de maïs, avec des augmentations de prix qui mettent en péril les ménages. Le Plan d’Investissement pour une Agriculture Intelligente face au Climat, qui s’étend jusqu’en 2030, cible des actions telles que la promotion de l’agroforesterie et la gestion durable des ressources naturelles, affichant une détermination à contrer les effets néfastes du changement climatique.
La Côte d’Ivoire s’engage également dans une cacaoculture durable d’ici 2030, intégrant des normes environnementales strictes. Les initiatives telles que la Stratégie de Préservation des Forêts et l’Initiative Cacao et Forêts (ICF) travaillent de concert avec les producteurs pour réduire les pertes de récoltes et améliorer la durabilité du secteur.
Ces efforts globaux renforcent la résilience du secteur agricole ivoirien face aux défis climatiques et économiques contemporains. Le Gouvernement, à travers son Plan National de Développement (PND) et le PNIA 2, s’emploie à créer un environnement favorable aux investissements dans l’agriculture, avec une attention particulière portée à la sécurisation foncière et à la mise en œuvre de réformes structurantes.
Aimé Kouassi
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