Dossier : Le VITIB, future vitrine régionale de l’innovation ?

Un instrument de développement

Représentants du Gouvernement Ivoirien, de la Chambre de Commerce de Côte d’Ivoire, partenaires, journalistes, tous ont répondu présent à cette invitation à découvrir le nouveau plan stratégique du VITIB. Et pour cause. 20 ans après l’adoption, en 2004, de la loi n°2004-52 instituant le régime de la ZBTIC qui a conduit à la création du VITIB – en charge de la gestion du parc technologique – ce levé de voile sur la nouvelle stratégie de la SA, validée par son Conseil d’Administration fin 2023 et déployée dès janvier 2024, était très attendu, vu les avancées fulgurantes des technologies ces 2 dernières décennies et leur potentiel de croissance exponentielle.

Le premier point qui ressort de cette conférence est le suivant : La Direction du VITIB et son Conseil d’Administration veulent faire de la zone franche – située à 15 minutes en voiture de l’aéroport international Félix Houphouët-Boigny quand la circulation est fluide – un instrument de développement de la Côte d’Ivoire, particulièrement dans les domaines des Technologies de l’Information et de la Communication (TIC) et de la Biotechnologie.

Un objectif conforme à l’ambition de l’Etat Ivoirien – de faire du pays un hub régional de la Tech – qui a, récemment, le 30 octobre 2024, adopté, en Conseil des Ministres, le décret portant création, attribution, organisation et fonctionnement de l’Agence Nationale de la Sécurité des Systèmes d’Information (ANSSI) et montré, par la même occasion, sa détermination à atteindre son but.

Une Zone Franche qui intéresse de plus en plus

Depuis des années maintenant (2024 ne fait pas exception), la technologie s’est faite sa place dans le TOP 100 mondial des entreprises à forte capitalisation boursière. Un positionnement qu’elle doit, notamment, à Meta, Amazon, Netflix, Alphabet, Apple, Tesla, Uber et Microsoft (MANAAATUM). Mi-mai 2024, Amazon Web Services (AWS) – la division de l’un des Groupes composant les MANAAATUM envisage d’investir un peu plus de 1.000 milliards FCFA en Afrique, d’ici 2029, pour étendre ses services Cloud et Intelligence Artificielle (IA) sur le Continent – était en mission de prospection en Côte d’Ivoire.

Lors de son séjour de 48 heures en terre d’éburnie, cette délégation, comprenant entre autres l’Ivoirienne Evelyne Sidibé (Territory Manager for West & Central Africa, Public Sector chez AWS) a confié, après sa visite de la ZBTIC, que même si elle a un gros penchant pour le Sénégal où elle compte de gros clients, parmi lesquels la Banque Centrale des Etats d’Afrique de l’Ouest (BCEAO), le dynamisme de l’activité économique en Côte d’Ivoire, couplé aux avantages et potentialités proposés par le VITIB, pourraient peser dans la balance et l’emmener à étudier, en profondeur, la possibilité d’installer des locaux AWS dans la zone franche de Grand-Bassam.

En effet, il faut dire que le parc technologique a plusieurs atouts dans ses manches. Déjà, sa superficie de 624 ha. De plus, les principaux pourvoyeurs de connectivité en Côte d’Ivoire, voire d’Afrique, sont hébergés sur la ZBTIC, ce qui permet au VITIB de se prévaloir d’une certaine garantie en la matière. Enfin, l’Afrique, qui compte en son sein à peine 1,3% des data centers du monde, veut construire 700 centres de données d’ici 2025, ce qui constituerait une progression de 775%.

La présence d’une base de la Compagnie Ivoirienne d’Electricité (CIE), à quelques encablures du site qui abrite 5 data centers, assure à la zone franche une disponibilité énergétique et les ressources nécessaires pour alimenter des infrastructures énergivores comme ces fameux data centers. En outre, le VITIB à une autre carte maîtresse : Ses avantages fiscaux et douaniers très intéressants.

Un cadre incitatif

Expliquant les avantages du VITIB, durant cette conférence du 8 novembre 2024, Mébéti Dosso a déclaré : « En mettant une telle superficie (624 ha) à disposition dans le but de développer un hub technologique et biotechnologique, l’Etat Ivoirien a créé un cadre incitatif (…)

Ce cadre permet aux entreprises domiciliées chez nous de bénéficier non seulement d’exonérations d’impôts, de droits de douanes et de taxes diverses, d’un montant forfaitaire pour les vignettes des véhicules des entreprises de la ZBTIC, d’une exemption du programme de vérification des importations (SGS, VERITAS), mais aussi de notre guichet unique dédié au suivi et à l’installation des entreprises, de notre assistance pour formalités diverses et variées, du Centre des Impôts et Bureau des Douanes sur le site pour le traitement rapide des opérations administratives, d’une liberté (aucune limitation) de transferts d’argent sur les salaires et sur les dividendes distribués, d’une aide à l’obtention du permis de travail pour les salariés de nationalités autres qu’Ivoirienne et leurs familles (…)

Grâce aux hommes et femmes impliqués dans notre projet de développement et la mise en place, en avril 2024, de notre nouvel organigramme, notre plan stratégique est en bonne marche. Le soutien de notre ministre de tutelle, Ibrahim Kalil Konaté – l’homme a été choisi par le Premier Ministre Ivoirien, Robert Beugré Mambé, mi-octobre 2023 pour s’occuper du ministère de la Transition numérique et de la Digitalisation – et son engagement à la souveraineté numérique de la Côte d’Ivoire, nous permet de mettre en oeuvre sereinement notre vision et d’embrasser nos challenges avec confiance (…)

Nous avons lancé nos travaux avec des actions de promotion et la mise en route d’une digitalisation plus plus poussée de nos process (…) Concernant le taux d’occupation, d’environ 7% à ma prise de fonction, en 2023, le taux d’occupation de notre Bloc A – de 60 ha, la taille d’un technopark – est passé à près de 77% ! Mais le taux d’occupation ne signifie pas tout pour le VITIB. Bien que nous visons un taux d’occupation de 100% d’ici 2028, nous pensons que pour atteindre cet objectif, nous devons faire de la ZBTIC, un véritable lieu de vie animé par des technopoles, des établissements de formation, des espaces pour le sport, une Smart City (…)

En 2023, nous comptions 90 entreprises (agréments plein et pépinière cumulés). Un an plus tard, 6 nouvelles entreprises sont venues grossir les rangs de nos résidents et, vu les récentes manifestations d’intention, nous pensons atteindre les 100 entreprises à la fin de l’année 2024. »

La digitalisation au coeur de la stratégie du VITIB

A cette conférence inédite, Yann Gabriel N’Zi a défini le VITIB, présenté ses missions et détaillé la stratégie, ainsi que les objectifs, pour ce nouveau plan du VITIB démarré en janvier 2024 : « Le VITIB se veut un catalyseur de l’innovation technologique en Côte d’Ivoire, une vitrine des entreprises technologiques et s’inscrit dans une dynamique de croissances durable. Nos missions sont de développer la ZBTIC, à travers l’hébergement de toutes les entreprises évoluant dans la biotechnologie et la technologie (…)

Nous mettons beaucoup l’accent sur l’innovation. C’est la raison pour laquelle nous disposons d’un incubateur et proposons, avec nos partenaires, des formations pour accompagner les jeunes pousses. A moyen terme, nous voulons être reconnu comme le lieu de référence pour l’accueil de tous les évènements Tech et Biotech organisés en Côte d’Ivoire et dans la sous-région (…)

Pour notre plan stratégique, nous avons, tout d’abord, élaborer la vision, puis mis en place une feuille de route sur 5 ans, afin de développer 6 programmes majeurs. Pour ce faire, nous avons fait le bilan (organisationnel et opérationnel) de nos 20 ans d’existence, analysé le secteur du numérique en Côte d’Ivoire, nos rapports avec nos partenaires (privés et institutionnel) et réalisé un benchmark (étude comparative). Cette introspection nous a permis de nous rendre compte de nos forces qui sont, avant tout, notre cadre réglementaire, nos infrastructures (électricité, eau, fibre optique, superficie, etc.) et l’engouement des entreprises pour notre parc technologique (…)

Toutefois, nous devons nous mettre à jour et adapter la loi par rapport à l’évolution technologique, réhabiliter nos infrastructures et accroître la promotion de notre site, ses activités et des avantages que le VITIB offrent aux entreprise et aux investisseurs (…)

Dans cette optique, nous avons commencé à revoir notre organisation interne et à baser nos process sur l’utilisation d’outils numériques. Nous avons également accentué les actions pour améliorer notre visibilité, notre attractivité, notre compétitivité et initié des réflexions pour le renforcement de notre cadre juridique, réglementaire et institutionnel (…)

Autour de ces 3 axes stratégiques, nous avons donc articuler 6 programmes. Le premier vise, justement, le renforcement de notre gouvernance et de notre cadre institutionnel. Le deuxième a pour objectif la valorisation de notre écosystème. Le troisième concerne la modernisation organisationnelle et opérationnelle du VITIB, afin notamment de faciliter le traitement des agréments et bien d’autres procédures ou encore l’accès à nos ressources, grâce au digital (…)

Dans cette veine, le quatrième programme a trait, essentiellement, à la digitalisation de nos produits et services. Pour optimiser l’efficacité de ces programmes, nous révisons, actuellement, notre stratégie marketing et promotionnelle (cinquième programme) et travaillons à la conception, ainsi qu’à l’implémentation, de notre politique de Responsabilité Sociale et Environnementale (RSE), supportée par notre Smart City. »

Selon les responsables du VITIB, le coût de la première phase (2024-2026) de ce plan stratégique est estimé à 180 milliards FCFA. « Pour la financer, nous allons chercher des investisseurs privés et multiplier les Partenariats Publics/Privés (PPP). » Nous a révélé le Directeur Technique et de l’Exploitation du VITIB, Yann Gabriel N’Zi.

KOFFI-KOUAKOU Laussin

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