photo Versus bank
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Dans une publication rendue virale sur les réseaux sociaux, le journaliste  F. M. Bally a relevé que fondée en 2003, Versus Bank a connu une ascension marquée par des défis financiers majeurs. Après la faillite de son actionnaire principal, Aiglon Holding, la banque fut nationalisée en 2009 par l’État ivoirien pour éviter son effondrement. Cette intervention de l’État ne marqua cependant pas la fin des difficultés. N’Da Ametchi, son fondateur, se retrouva au cœur d’un imbroglio juridique et économique, entretenant une lutte de pouvoir qui a paralysé la banque pendant plusieurs années.

Le processus de privatisation, initialement entamé en 2016, fut interrompu en raison de réclamations judiciaires complexes, mettant en lumière les frictions entre l’État et Ametchi. Le gouvernement, aux prises avec des tensions politiques et des préoccupations financières, opta finalement pour une cession controversée en décembre 2024, provoquant des répercussions dans le paysage bancaire.

Les enjeux de la privatisation

Cette privatisation ne se limite pas à une simple opération financière. Elle soulève des questions cruciales sur la transparence et la gestion des affaires publiques. En cédant des parts à Harvest Capital Holding pour un montant jugé dérisoire par de nombreux experts – 8,5 milliards de francs CFA pour une valeur beaucoup plus élevée – l’État ivoirien fait face à des accusations de favoritisme et de mauvaise gestion.

Le climat de méfiance qui en résulte pourrait avoir un impact durable sur la confiance des investisseurs et l’attractivité de la Côte d’Ivoire en tant que destination d’investissement. En effet, alors que le pays aspire à moderniser son secteur bancaire et à attirer des investisseurs étrangers, les conditions de vente de Versus Bank semblent contrarier ces objectifs.

  Un appel à la réforme

Les critiques à l’encontre du gouvernement vont bon train, et la nécessité de réformes structurelles devient criante. Les acteurs du marché appellent à des mécanismes de transparence rigoureux pour garantir que les futures privatisations soient menées de manière juste et équitable. Il est essentiel de restaurer la confiance des investisseurs et d’assurer une gouvernance saine pour éviter que des épisodes similaires ne se répètent.

Le 31 décembre 2024, le chef de l’État a réaffirmé son engagement envers un environnement des affaires compétitif. Cependant, les réalités de la privatisation de Versus Bank laissent planer des doutes sur la crédibilité de ces engagements.

La saga de Versus Bank est emblématique des défis auxquels le secteur bancaire ivoirien est confronté. La manière dont l’État gère cette privatisation controversée pourrait bien façonner l’avenir économique du pays. Pour aller de l’avant, il est impératif que les leçons tirées de cette expérience façonnent les politiques futures, afin de garantir un cadre de gouvernance solide et transparent qui favorise un développement économique durable.

Les prochaines étapes seront cruciales non seulement pour Versus Bank, mais aussi pour l’ensemble du secteur bancaire en Côte d’Ivoire. La vigilance sera de mise, autant pour les investisseurs que pour les citoyens, qui attendent de l’État qu’il œuvre pour le bien commun.

Une contribution de Aicha Mambassou Koné


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