Le président de la Coordination Nationale du Monde Agricole de Côte d’Ivoire (CNMA-CI), Bilé Bilé, a tenu une conférence de presse ce 11 février 2025 pour dénoncer ce qu’il qualifie de « gestion désastreuse » des fonds destinés aux producteurs agricoles en Côte d’Ivoire. Assisté de ses conseils, il a ouvertement accusé le dirigeant du Conseil Café-Cacao (CCC), M. Yves Koné, de détournements et de mauvaises pratiques financières portant préjudice au secteur agricole.
Bilé Bilé a commencé par dresser un tableau sombre de la filière café-cacao, pilier de l’économie ivoirienne. Il a rappelé l’impact négatif de la dissolution de la Caisse de Stabilisation (Caistab) en 1999 sous l’impulsion des institutions financières internationales. Depuis, les réformes successives n’ont pas permis de stabiliser ce secteur vulnérable, ce qui, selon ses termes, laisse la voie ouverte à « des pillages sans retenue ».
Bilé Bilé accuse la direction du CCC d’avoir détourné les 17 milliards de FCFA dédiés aux producteurs agricoles pour les aider à faire face aux impacts de la pandémie de Covid-19. Bien que ces fonds aient été initialement prévus pour être gérés par un comité de 14 leaders de la filière, le Directeur Général du CCC aurait centralisé leur gestion. Des coopératives agricoles légitimes n’auraient toujours pas reçu leur dû, tandis que des paiements douteux auraient été effectués.
Une interprofession contestée
Le président de la CNMA-CI a également abordé la question de la création de l’interprofession agricole, une initiative censée organiser les acteurs de la filière. Là encore, Bilé Bilé dénonce des irrégularités. Selon lui, une somme de 4 milliards de FCFA aurait été dépensée pour des travaux illégitimes confiés à un cabinet privé. Ces accusations soulignent une gestion qu’il considère comme opaque et non conforme aux réglementations en vigueur.
Le Fonds d’Investissement en Milieu Rural (FIMR)
Un autre point controversé concerne le Fonds d’Investissement en Milieu Rural (FIMR). Ce fonds, alimenté par une taxe sur chaque kilogramme de café-cacao, est censé financer des infrastructures en milieu rural, telles que des routes et des centres de santé. Cependant, Bilé Bilé affirme que les fonds, estimés à plusieurs dizaines de milliards de FCFA, n’ont pas été utilisés à bon escient. Il a demandé un audit complet et prévoit de porter cette affaire devant les juridictions compétentes.
Recours juridiques et revendications
Face à ces abus présumés, Bilé Bilé et la CNMA-CI ont saisi la présidence de la République, la primature et plusieurs organisations internationales comme l’Union Européenne et la Banque Mondiale. Ils ont également porté plainte auprès du tribunal d’Abidjan et prévoient une audience en février 2025. Par ailleurs, un recours auprès de la Cour des Comptes est en préparation.
Pour Bilé Bilé, ces révélations illustrent une réalité cruelle : les ressources agricoles sont accaparées par « des prédateurs insouciants ». Le président de la CNMA-CI en appelle à des réformes structurelles et à une transparence totale pour garantir le respect des droits des producteurs.
Une alerte à prendre au sérieux
Les déclarations de Bilé Bilé, qui se posent en défenseur des petits producteurs ivoiriens, pourraient agiter un débat national sur la gestion des filières agricoles. L’impact de ces accusations reste à déterminer, mais elles soulèvent la nécessité d’une réforme profonde et d’un contrôle rigoureux de la gestion des ressources agricoles.
Pour l’instant, le service Communication du Conseil Café-Cacao est resté silencieux malgré nos nombreuses tentatives pour le joindre.
Aimé Kouassi
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