Editorial : La Côte d’Ivoire se Projette dans la Prochaine Décennie

le PND 2026-2030 promet une croissance inclusive et une meilleure répartition des richesses
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Le lundi 17 février 2025 et le mardi 18 février 2025, à la faveur des travaux préparatoires du PND 2026-2030, le 5 étoiles Cocodilois de la capitale économique Ivoirienne a hébergé un séminaire gouvernemental visant notamment à réfléchir sur la stratégie pour l’atteinte d’une ambition spécifique : Celle de la trajectoire à suivre pour conduire la Côte d’Ivoire vers le statut de pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure à l’horizon 2035.

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Mené sous la présidence du Premier Ministre Ivoirien, Robert Beugré Mambé, si ce séminaire a mis en lumière les performances notables, aussi bien sur le plan économique que social, résultant des différents PND, il a également rappelé que la terre d’éburnie ne doit pas se reposer sur ses lauriers, mais plutôt s’évertuer à maintenir un rythme élevé de croissance.

Afin de continuer à enregistrer de bons résultats qui lui permettront de poursuivre durablement sa dynamique positive amorcée 15 ans auparavant, le pays doit donc s’atteler, avec le futur PND 2026-2030 pour feuille de route, à plus d’impact, particulièrement en ce qui concerne la transformation sociale et structurelle de son économie.

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Les conclusions de ce séminaire font sortir de l’ombre la réalité cachée derrière la croissance mirifique de la Côte d’Ivoire : Celle d’une Côte d’Ivoire qui se sent exclue du partage de la manne engrangée grâce à l’exécution des différents PND !

Pour rétablir l’équilibre, le gouvernement Ivoirien doit s’assurer, à travers le PND 2026-2030, de construire d’un nouveau modèle de croissance inclusive. Modéliser une croissance principalement propulsée par une augmentation significative de la création d’emplois, par une productivité de l’économie plus compétitive, en l’occurrence celle du secteur agricole…

Ainsi que par la promotion du commerce international et l’intégration dans les chaînes de valeur mondiale, avec pour corollaire une réduction de la pauvreté diligentée par de nouvelles politiques propices à une répartition plus équitable des richesses.

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Néanmoins, tant qu’à tempérer le propos et mettre une touche de couleurs vives dans la grisaille de ce tableau, il convient de noter, à juste titre, que les solutions émises durant ce séminaire gouvernemental reconnaissent les grands bonds effectués par la Côte d’Ivoire en matière d’amélioration de son environnement des affaires. Ces avancées notoires constatées cette dernière décennie, fruit de l’exécution de ces PND, ramènent à une vérité de La Palice : Pour devenir un pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure à l’horizon 2030-2035, la Côte d’Ivoire doit, comme elle l’a déjà fait auparavant, persévérer dans ses efforts d’abaissement des barrières à l’investissement, de baisse des coûts de transformation et de réduction des coûts de transaction.

C’est dans cette stratégie que se trouve, à l’heure actuelle pour elle, le meilleur moyen d’attirer davantage d’Investissements Directes Etrangers (IDE), de renforcer son système financier et de demeurer résiliente face aux chocs exogènes comme endogènes, qu’ils soient d’ordres climatiques, politiques, sociaux, économiques, budgétaires… Ou autres…

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Au cours de ces travaux préparatoires d’un PND 2026-2030 au service d’une Côte d’Ivoire figurant parmi les pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure dans les 10 prochaines années, au chapitre du capital humain, de l’emploi et des disparités régionales, la réponse a coulé de source, claire comme de l’eau de roche : Mettre l’accent sur la qualité de l’éducation et de l’apprentissage, le renforcement des systèmes de compétences professionnelles et la productivité.

Un grand Oui donc pour la productivité ! Mais par n’importe laquelle ! En filigrane, dans un contexte où l’ordre mondial est troublé par une tendance globale au repli protectionniste, ce PND 2026-2030, encore au laboratoire, prône une approche stricto sensu de la productivité. Une approche de la productivité qui entend mettre les bouchées doubles dans des secteurs critiques ciblés, en particulier le numérique, mais aussi dans les activités agricoles, l’industrie manufacturière, le tourisme… Pour ne citer que ceux-ci.

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Dans la même veine, les recommandations pour le PND 2026-2030 préconisent que, dans son déploiement, il promeuve la protection sociale et l’emploi universel, y compris des travailleurs vulnérables et informels, le renforcement des investissements dans les infrastructures de formation technique et professionnelle…

Ainsi que l’accélération la mise en œuvre de la Couverture Maladie Universelle (CMU) – effective depuis le 1er octobre 2019, mais dont l’efficacité, certes entachée à son lancement par la survenue de la crise de la Covid-19, ne se ressent toujours pas – , accompagnée de l’amélioration de la qualité des soins, la réduction de la mortalité maternelle et infantile, le renforcement du partenariat Etat/Secteur privé dans la stratégie de développement du capital humain et enfin d’une meilleure coordination, ainsi que d’une cohérence des programmes de développement du capital humain.

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Si la recette est grosso modo la même, il faut reconnaître que le PND 2026-2030, dans l’hypothèse exposée, laisse une part plus grande au capital humain et au volet social, dans un monde qui a compris, sous la pression de la succession de crises de ces 5 dernières années, que l’humain est au centre de tout et qu’il faut miser sur l’humain ! Toutefois, reste à savoir quel sera le coût de ce PND et surtout comment il sera financé ? Par les recettes ou par de la dette ? Grâce à un grand chantier de mobilisation de l’épargne interne brute qui a représenté environ 20% du Produit Intérieur Brut (PIB) en 2021, selon les données de la Banque mondiale ? Par un meilleur recouvrement de l’assiette fiscal sachant que le secteur informel représente plus de 70% de l’emploi non agricole, occupe plus de 44% de la population active et environ 47% du PIB en Côte d’Ivoire, selon les chiffres de l’Institut National de Statistiques (INS) ? En capitalisant sur le secteur privé local, principalement constitué de MPME ou en augmentant la pression fiscale déjà énorme des 5% de grandes entreprises – majoritairement des multinationales étrangères – présentent dans le tissu entrepreneurial Ivoirien..? Bref, ce chapelet d’interrogations égrené, à moins de 9 moins des prochaines joutes pour l’accession à la présidence de la Côte d’Ivoire, la véritable préoccupation qui mine l’inconscient collectif est que l’issue du scrutin populaire ne freine pas la continuité des politiques et projets entamés. Pour le reste, rendez-vous en 2026 pour les plus impatients, en 2030 pour les modérément sages et en 2035 pour les plus patients parmi les sages, car dans la vie, comme en finance ou en économie, le seul maître du jeu, c’est le temps !

KOFFI-KOUAKOU Laussin

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